Les Papiers de l’Incubateur du Cercle Orion - Les Sociétés à Impact
La définition limpide de l’impact de A Schumpeter dans sa théorie de la destruction créatrice selon laquelle la création détruit ce qu’elle remplace et constitue un changement qui supplante l’ordre établi est intransposable en l’état dans l’entrepreneuriat du XXIème. Une société à impact doit utiliser l’ordre établi afin de défendre et mettre en œuvre une vision et une stratégie tournées vers l’impact en prenant en compte ses spécificités notamment dans ses cycles de développement et de financements.
Pourtant, une fois que cela est dit, rien n’est dit.
L’impact est à la mode, l’impact est vendeur, l’impact est recherché mais surtout l’impact est devenu nécessaire par la conjoncture sociale, économique et écologique actuelle.
Qu’est-ce que l’Impact pour une jeune pousse ?
Une société à impact est une société qui répond à l’un des 17 objectifs de développement durable défini par l’ONU[1] à atteindre avant 2030 définissant les grandes thématiques de l’impact et représentent le consensus international actuel.
Une société à impact est une société mettant en œuvre une stratégie et une vision positive conciliant des dimensions environnementales, sociales et économiques à travers notamment le respect de trois piliers mis en exergue par Finance for Tomorrow[2] et approuvé par 80 acteurs de l’investissement :
- la recherche conjointe, dans la durée, d’une performance écologique et sociale et d’une rentabilité financière, tout en maîtrisant l’occurrence d’externalités négatives,
- l’adoption d’une méthodologie claire et transparente décrivant les mécanismes de causalité via lesquels la stratégie contribue à des objectifs environnementaux et sociaux définis en amont, la période pertinente d’investissement ou de financement, ainsi que les méthodes de mesure, selon le cadre dit de la théorie du changement et
- l’atteinte de ces objectifs environnementaux et sociaux s’inscrivant dans des cadres de référence, notamment les Objectifs de Développement Durable, déclinés aux niveaux international, national et local.
L’impact se décline au sein de divers domaines. Les exemples les plus parlant sont notamment Actility, Blablacar, Ecovadis, Innovafeed, Vestiaire Collective ou encore Ynsect. Le point commun de ces sociétés est leur levée de fonds record de plus de 100 millions d’euros mettant en lumière l’existence du marché de l’impact, l’importance de ce marché et l’intérêt pour les investisseurs, institutionnels ou non, pour ces sociétés.
Pourquoi le timing des sociétés à impact est excellent ?
Aujourd’hui, la France connaît un momentum de l’impact par une prise de conscience collective et un changement des habitudes de consommation. A côté des sujets traditionnels des campagnes politiques, les sujets de l’écologie, des circuits courts, des aspects sociaux des réformes économiques sont centraux en cette période pré-électorale.
Ces discussions amènent à un virage des politiques publiques soutenant la création des entreprises et principalement les entreprises à impact à travers la mise en place de soutien direct (l’Aide à la Création ou à la Reprise d’Entreprise pour les personnes dont les droits à l’Aide au Retour à l’emploi sont ouverts, soutiennent ouvert les créateurs ou les repreneurs d’entreprise durant 2 années) et de soutien indirect à travers les organes émanant de l’État (BPI France - la banque des entrepreneurs).
Le virage est également à l’initiative des investisseurs privé à travers leur mobilisation dans le cadre de l’établissement de critère extra-financier prenant en compte les critères de responsabilité sociale et environnementale[3]. Il ressort de certaines table rondes[4] que les investisseurs personnes physiques privés souhaitent investir au sein de véhicules engagés ou le rendement économique se met au service de l’impact.
Une évolution de la politique d’investissement conforme aux critères ESG au sien de société respectant les trois piliers susvisés est en cours. La multiplication des acteurs de cet écosystème à chaque étape du cycle de développement des sociétés à impact, la création de fonds d’investissement à impact, les législations en faveur de la transition écologique et solidaire ainsi qu’un très net pivot en faveur d’une stratégie durable chez les grands groupes sont autant de preuve de l’arrivée du momentum des sociétés à impact.
BPI France Le Hub et France digitale relèvent que les sur les 727 start-up à impact recensés lors de leur étude, 2 sur 3 ont levé des fonds pour un total d’environ 4,4 milliards d’euros[5].
Les sociétés à impact – l’avenir de la finance
Comme le relève Monsieur Frédéric Mazzella, Président Fondateur de BlaBlaCar et co-Président de France Digitale, « La France a une véritable carte à jouer pour devenir une référence en la matière et faire de l’impact la norme. Au-delà des effets directs de ces sociétés sur l’amélioration de notre environnement, ce positionnement positif de la France en fait un pays attractif pour les capitaux et les talents du monde entier. ». Il est essentiel que cette carte soit centrale dans les débats politiques et économiques des mois et années à venir.
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[1] http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/
[2] https://financefortomorrow.com/app/uploads/2021/11/F4T_Declaration-de-soutien-au-developpment-de-la-finance-a-impact.pdf
[3] La RSE ou critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance (ESG).
[4] Notamment, le webinaire « La finance à impact, effet de mode ou tendance de fond de la finance durable ? » coorganisé par Finance for tomorrow, s'est tenu le 25 mars 2021 à Bercy, en présence d'Olivia Grégoire, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l'Économie sociale, solidaire et responsable.
[5] https://lehub.bpifrance.fr/mapping-startups-impact-france/