Conclusion du cycle Orion/Cevipof - Manifeste pour le Monde d'après
Un appel a été lancé le 29 mars 2020, alors que la France et l’Europe se réveillaient, interloquées, sous cloche, et la pression de premières mesures de confinement. Alors, ensemble, nous nous sommes rassemblés autour d’une ambition commune que portait le Cercle Orion, celle d’inventer le Manifeste pour le Monde d’après ; autour de quatorze groupes thématiques, ensemble, nous avons réfléchi, débattu, établi les atouts autant que les failles de notre monde, pour tenter de proposer, en liberté, des solutions qui nous apparaissaient opportunes. Des personnalités de renom se sont jointes à ce dessein : Laurent FABIUS, Président du Conseil constitutionnel, Bernard STIRN, ancien Président de la section du contentieux du Conseil d’État, Bertrand BADRÉ, ancien Directeur général de la Banque mondiale, et d’autres. Ils nous ont fait confiance.
La première concrétisation de ce projet d’envergure s’est déroulée le 15 septembre. Après une conférence de presse, et une soirée conviviale, nous avons dévoilé le Manifeste, après six mois d’un engagement remarquable de toutes les parties prenantes. Ce moment a toutefois marqué la fin de l’aventure du Manifeste stricto sensu.
Au sein du Cercle Orion, la dynamique initiée par le Manifeste s’inscrit désormais dans son dépassement et son héritage, afin que nous puissions nous affirmer comme un acteur légitime et compétent au sein de débats publics s’annonçant riches et passionnés. Plus que jamais, nous vivons une période incertaine et douloureuse ; mais ces difficultés ne doivent pas nous décourager. Au contraire, elles doivent motiver notre effort de penser notre monde et le bien commun, au côté d’acteurs légitimes. Nous en sommes persuadés.
Dès le mois de septembre, le Cercle Orion a conclu un partenariat avec le CEVIPOF, le Centre de recherches politiques de Sciences Po. Grâce à l’engagement prononcé de Florent PARMENTIER, Secrétaire général du CEVIPOF, et parrain du Manifeste, nous avons eu l’honneur d’être reçus au siège du CEVIPOF, autour de rencontres chaleureuses et passionnantes.
L’idée de ce partenariat avec le CEVIPOF consistait à mélanger plusieurs approches, et croiser les regards afin de disposer des meilleurs outils de compréhension des enjeux de notre temps. Nous avions à cœur de continuer à mêler l’excellence académique, l’expertise universitaire de haut niveau des chercheurs du Centre, pour réfléchir en liberté à notre temps et ses défis.
La conclusion de cycle a résolument placé le Cercle comme une agora citoyenne, un lieu ouvert de débats et d’échanges. A chaque rencontre, et ce, malgré les conditions exceptionnelles dues à la crise sanitaire, nous continuions d’accueillir de nouveaux participants, étrangers à l’origine à l’aventure du Manifeste, signe de l’attractivité et de la notoriété grandissantes du Cercle.
Une telle audace visait à constituer une étape d’envergure afin de placer le Cercle comme un interlocuteur sérieux et légitime, prompt à occuper une place de premier plan dans le débat public, en vue des prochaines échéances électorales.
Ainsi, plusieurs moments nous ont amenés à débattre de certaines parties du Manifeste ; notamment la partie Géopolitique, à l’aune des élections américaines. Cela a fait l’objet d’une première rencontre, au mois de septembre. Il est ressorti de ces discussions que l’Union européenne ne pouvait pas « être herbivore au milieu d’un monde de carnivores », alors que la Commission VON DER LEYEN fêtait don premier anniversaire.
Le 21 octobre, nous avons reçu Pascal PERRINEAU. Agrégé de de science politique, professeur associé à Sciences Po ; directeur du CEVIPOF entre 1994 et 2013, M. PERRINEAU est politologue. Il a marqué le débat politique français, et a engagé le CEVIPOF tant qu’observateur central de la vie politique française. En particulier, il incarne une science politique qui s’ouvre à d’autres disciplines. Il est l’auteur d’œuvres majeures, Désenchantement démocratique (2003) et du Syndrôme Le Pen (1997), et a fait entrer dans le débat public certaines notions d’envergure majeure, tels que le gaucho-lepénisme. Il a été garant du Grand Débat National en 2019, et est Président de Sciences Po Alumni depuis 2016.
Sa richesse académique, son envergure intellectuelle, ainsi que sa connaissance précise du champ politique français nous ont permis d’envisager la compréhension de la vie de notre cité commune sous un angle différent.
Pascal PERRINEAU a rappelé qu’il incombait aux jeunes générations de faire preuve d’imagination politique, pour dessiner l’avenir commun. En particulier, cette imagination doit s’inspirer de la créativité dont font preuve les territoires, au travers d’initiatives innovantes et originales.
M. PERRINEAU a d’abord montré comment un cycle que venait de traverser la démocratie venait de s’achever. Ce cycle, débuté après la Seconde guerre mondiale et pour rompre avec les atrocités commises au cours des années 1930 et de la Guerre, a permis d’optimiser les performances économiques et sociales des États notamment. Ce sens de l’Histoire, a commencé à osciller dès les années 1990, peu après la publication de La fin de l’histoire de F. Fukuyama (1989).
Il a développé longuement sur le déficit de confiance dont souffraient nos systèmes démocratiques, soulignant que cette restauration constituait un enjeu de taille que nous devions affronter. Il a tenu à présenter plusieurs solutions et perspectives d’avenir pour notre système politique : nous pourrions tendre vers « un hiver de la démocratie », un pouvoir accru de la technostructure, ou alors, de façon beaucoup plus optimiste et confiance, vers une démocratisation de la démocratie, pour citer Dominique Rousseau.
Les conclusions de M. PERRINEAU à l’aune d’une crise de confiance et de la profusion de « fake news » nous a été précieuse, et renforcé notre conviction de participer au regain de confiance, élément clé de toute démocratie en bonne santé. Nous sommes convaincus que la jeune génération devra apporter des solutions concrètes.
Pour conclure ce cycle, nous avons rencontré Jean CHICHE, professeur à Sciences Po, docteur en statistiques mathématiques de l’Université Pierre et Marie Curie, nouvellement Sorbonne-Université et ingénieur de recherches au CNRS et au CEVIPOF. M. CHICHE a été très attentif à la partie Environnement du Manifeste, à laquelle il a consacré beaucoup d’attention. Il a remarqué la qualité des sources, de l’inspiration intellectuelle, ainsi que de la rigueur méthodologique. Son propos était percutant, original, et circonstancié. Il nous a rendu compte avec beaucoup de précision de la perception des politiques environnementales auprès de l’opinion publique. Il nous a démontré comment la perception des enjeux environnementaux se sont insérés avec force depuis une dizaine d’années dans le débat public.
Aussi, il nous a introduit une notion fondamentale, celle de « zone critique ». Il s’agit de la pellicule la plus externe de la Terre, qui constitue le siège des interactions entre l’air, l’eau et les roches. La découverte de ce champ d’étude date du début des années 2000, par le National Research Council et nourrit les réflexions globales environnementales, des chercheurs. Elle tend à devenir centrale dans les considérations publiques environnementales
Enfin, M. CHICHE a proposé que l’implication des parties prenantes à la transition écologique soit être pleine et entière. Si les accords internationaux gagneraient à être rendus contraignants, les citoyens perçoivent déjà l’urgence qu’impose un tel enjeu. Ainsi, les associations environnementales ont un rôle important à jouer. Elles doivent constituer un relai unique des politiques publiques, et un point de repère du citoyen. Leur rayon d’action doit être maximisé, et leur création encouragée.
Nous avons été très fiers d’organiser de telles rencontres. Nous avons eu l’occasion de côtoyer des personnalités d’une extrême qualité, expertes dans leurs domaines respectifs. Ce cycle inédit renforce la spécificité du Cercle, amené à devenir un acteur légitime et compétent, composé de membres désireux de porter des ambitions communes toujours plus fortes.
Les dynamiques impulsées par ce cycle convergent avec les autres visions du Cercle. Nous avons mis en place un Laboratoire d’innovations publiques, chargée d’établir des relations étroites avec les élus locaux, poumons de la vitalité démocratique française.
Conformément à nos préconisations comprises dans le Manifeste, nous devons davantage élargir notre pacte social aux territoires, à travers de nouvelles politiques de décentralisation, et en organisant l’action de l’État au plus près des préoccupations des citoyens. Nous avons déjà reçu de nombreux retours positifs d’élus locaux. Cette nouvelle structure vise à garantir le suivi concret des engagements du Cercle, in fine au profit du citoyen.
Enfin, les comités ad hoc mis en place avec le projet du Manifeste ont été transformés en comités d’études permanents, chargés d’approfondir, de préciser, et d’amender les propositions faites jusque-là.
La conclusion du cycle avec le CEVIPOF nous amène réellement vers une nouvelle étape, de consolidation et d’approfondissement.