CR visioconférence de clôture Orion/Cevipof - Jean CHICHE

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Jeudi 5 novembre s’est achevé le passionnant cycle de conférences organisé conjointement par le Cercle Orion et le CEVIPOF, dans le cadre du dépassement du Manifeste pour le monde d’après. A l’occasion de ce dernier événement – qui s’est tenu selon un format numérique -, nous recevions Jean CHICHE, intervenant notamment à propos de sujets touchants à l’environnement et à la transition écologique.  

Jean CHICHE, professeur à Sciences Po est docteur en statistiques mathématiques de l’Université Pierre et Marie Curie, nouvellement Sorbonne-Université. Il est ingénieur de recherches au CNRS et au CEVIPOF. 

Avant de poursuivre et de nous présenter ses travaux, M. CHICHE a salué l’ambition du Manifeste pour le monde d’après, ce qu’ont particulièrement les participants à cette aventure. En particulier, il a été très attentif à la partie Environnement, à laquelle il a consacré beaucoup d’attention. Il a remarqué la qualité des sources, de l’inspiration intellectuelle, ainsi que de la rigueur méthodologique. La reconnaissance de nos travaux par un chercheur de cette envergure ne motive que davantage le Cercle Orion à poursuivre le dépassement de son projet au travers de ses comités thématique.  

J. CHICHE a ensuite présenté des données très pertinentes, afin d’établir des considérations politiques précises au sujet de la transition environnementales. En particulier, il a souligné une étude la Banque européenne d’investissement montrant que les Européens étaient plus inquiets que les Chinois ou les Américains quant au changement climatique. Ce phénomène n’échappe toutefois pas à des atténuations au niveau local ; ainsi, les populations des États d’Europe du Sud semblent encore plus sensibles que celles des États du Nord à ces nouvelles pressions. L’augmentation plus sensible des températures et l’apparition récente de catastrophes naturelles contribue à alimenter ces craintes grandissantes. 

Aussi, et comme le laissait deviner le vent climato-sceptique insufflé par l’Administration Trump, deux fois plus d’Américains sont susceptibles de remettre en cause le changement climatique qu’en Europe, et même en Chine (14% contre 7% en Europe, et 3% en Chine). 

Enfin, il est clair que le changement climatique constitue la préoccupation première des Européens et des Chinois ; les citoyens américains se soucient eux, d’abord, de leur système de protection sociale. Le changement climatique apparaît en deuxième position.

Ces chiffres soulignent que les considérations climatiques ont alimenté les réflexions et l’agenda politique de l’opinion publique ; les politiques publiques, à toutes les échelles doivent en tenir compte. 

Toutefois, la translation électorale de ces considérations doit être relativisée. En effet, si certains évoquaient suite aux élections européennes et municipales de 2019 et 2020 « une vague verte », la faible présence de candidatures écologistes sur tout le territoire, et notamment dans les petites agglomérations montre bien les limites immédiates du projet. 

Jean CHICHE a aussi présenté de nouvelles perspectives intellectuelles visant à globaliser l’étude de l’environnement. Il a ainsi introduit la notion de « zone critique » ; il s’agit de la pellicule la plus externe de la Terre, qui constitue le siège des interactions entre l’air, l’eau et les roches. La découverte de ce champ d’étude date du début des années 2000, par le National Research Council et nourrit les réflexions globales environnementales. 

Dans le sillage de ces travaux, de nombreux programmes de recherche mondiaux se sont développés. Cette notion est centrale, en ce sens qu’elle permet une étude holistique de l’environnement et des sciences qu’elle parvient à faire confluer, autour d’un enjeu commun ; c’est en la zone critique que se déroulent les interactions entre l’activité humaine et l’environnement. 

En France, Jean CHICHE a salué le travail mené par le CNRS et ces Zones Ateliers. 

Aussi, il a présenté les contours de la collaboration établie entre le Centre des politiques de la Terre de l’Université de Paris et Sciences Po. Ce regroupement inédit travaille sur les effets grandissants des activités industrielles et territoriales sur les équilibres du changement climatique, de la biosphère, la pollution, l’extinction de la biodiversité. Ce projet innovant impose l’interdisciplinarité, pour regrouper les meilleurs talents. 

Quatre thèmes sont étudiés. Le thème des « Territoires en mouvements » permet d’étudier une représentation intégrée des dynamiques sociales, économiques et territoriales que connait l’environnement. Elle permet ainsi d’envisager en particulier les politiques publiques d’aménagement du territoire. 

Le thème « Vivants et sociétés » enrichit la redéfinition de la cohabitation entre les êtres vivants humains et non humains. 

Le thème de « Santé planétaire » que la pandémie de Covid-19 met en exergue, étudie la délimitation entre les zones urbaines et les zones de nature, entre l’humain et l’animal. Sont aussi étudiées les politiques publiques permettant de remédier à de tels risques extrêmes. 

En concluant, M. CHICHE a rappelé que l’implication des parties prenantes à la transition écologique devait être pleine et entière. Si les accords internationaux gagneraient à être rendus contraignants, les citoyens perçoivent déjà l’urgence qu’impose un tel enjeu. Ainsi, les associations environnementales ont un rôle important à jouer. Elles doivent constituer un relai unique des politiques publiques, et un point de repère du citoyen. Leur rayon d’action doit être maximisé, et leur création encouragée. A titre d’exemple, il existe près de 3500 associations environnementales à New York, contre à peine une centaine à Paris.

Enfin, Jean CHICHE a considéré que l’écologie transpartisane ne pouvait pas être concevable. Dans l’héritage intellectuel de Dominique BOURG, il pense que ceux qui envisagent une telle vision seront amenés à voter pour les acteurs proposant les solutions les plus radicales. 

Florent PARMENTIER, Secrétaire général du CEVIPOF, ami du Cercle Orion et parrain du Manifeste pour le monde d’après s’est félicité de ce cycle de conférences innovant. Il a aussi salué Jean CHICHE, comme « mémoire du laboratoire » et vanté les mérites d’une interdisciplinarité, exigeante mais apte à trouver des solutions intelligentes et de compromis.