Éditorial - Revoir la structure de notre Etat pour construire le Monde d’Après

Par Clément MONTEIL, directeur des Études.

Cet éditorial reprend l’esprit des propositions phares du Manifeste pour le Monde d’après.

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Alors que notre monde fait sans cesse face à des crises plus grandes, plus globales et plus intenses, de la crise financière hier à la pandémie de la Covid-19 aujourd’hui, il est de la responsabilité de chacune et chacun de s’atteler à bâtir le monde de demain, Le Monde d’Après. C’est dans cette perspective que nous avons souhaité au sein du Cercle Orion, unir les forces et les esprits de chacun pour proposer des solutions concrètes et tangibles pour faire grandir le monde dans lequel nous, et les générations qui nous suivront, évoluerons. 

La pandémie de la Covid-19 n’a épargné rien ni personne. Certaines industries et secteurs sont particulièrement touchés, et notamment ceux de l’hôtellerie, du tourisme et du loisir. Mais bien au-delà, c’est tout notre modèle que nous devons repenser. Les conséquences sociales sur le court-terme cachent également un risque de paupérisation plus généralisé des populations dans le temps long. L’aide au développement a pour un temps laissé sa place aux mesures de sauvetage social et économique des pays développés. Les accords internationaux s’effacent pour laisser place à la fermeture des frontières. Et ce contexte ne fait pas fi pour autant des problèmes structurels qui marquaient notre société bien avant l’arrivée du virus et des mesures sanitaires. Les enjeux sociaux et identitaires, les risques environnementaux, la fragilité de notre structure économique et fiscale, pèsent toujours sur notre avenir, celui de notre société, de la France, de l’Europe, et plus généralement de notre monde. Loin de les avoir effacés, la crise sanitaire a pu parfois exacerber ces problèmes, ou nous faire reculer sur le long chemin pour construire le Monde d’Après

Faire le constat de ces enjeux est une chose, prendre part au changement en est une autre. Pour faire bouger les lignes de notre avenir, il faut bien sûr comprendre notre passé, les bases sur lesquelles notre société et notre économie sont construites. Il faut également saisir la nature des enjeux auxquels nous faisons face, ceux d’aujourd’hui bien sûr, mais aussi ceux qui sont à venir, Mais il faut enfin aussi dresser la solution. C’est l’objectif que nous nous donnons. Ne rien laisser au hasard. Prendre part au changement. Proposer les lignes du changement pour construire ce qui fera notre Monde de demain, quel que soit le thème et le secteur. C’est l’objectif du Cercle Orion. 

Réorganiser notre monde, remodeler notre modèle de l’Etat

La crise de la Covid-19 a accéléré le besoin de repositionner le modèle de l’Etat français. Depuis longtemps, l’Etat-providence peine à fonctionner, subissant coup sur coup une crise de légitimité, une crise d’efficacité, et une crise d’adaptation. Ce même Etat est pourtant le dernier rempart des citoyens en temps de crise. Les politiques de santé ont été mises à mal ces dernières décennies alors même que ce sont d’elles que nous avons le plus besoin aujourd’hui. 

Pour faire face à cette période de crise, mais aussi aux suivantes, l’Etat doit impérativement revaloriser son rôle d’acteur économique majeur et central. L’Etat français doit dès aujourd’hui se doter des outils nécessaires à la croissance, non-seulement règlementaires, mais surtout d’investissement et de souveraineté économique pour soutenir la croissance, le rayonnement et le développement français. Nous supportons l’idée d’un Etat investisseur, capable de soutenir la croissance, de protéger les intérêts économiques et stratégiques de la France, et bénéficiant également des retours sur ses investissements pour garantir la sante financière de la structure étatique. 

L’Etat de demain doit également faire de sa priorité la décentralisation raisonnée des pouvoir publics, donnant davantage d’autonomie et de responsabilités aux acteurs régionaux et locaux, pour être à même de gérer les spécificités des territoires. Cela passe entre autres par une forme d’autonomie fiscale des communes, pour servir leur autonomie financière. 

Enfin, c’est la démocratie même qui est à renouveler. Nous proposons de revenir à une dissociation des élections présidentielles et législatives, permettant ainsi de maintenir l’implication de l’électeur dans la décision politique. Il est impératif de revoir l’agenda électoral pour garantir l’idée démocratique.  

Renouveler le multilatéralisme pour construire ensemble

La crise de la Covid-19 a rebattu les cartes du multilatéralisme. La France doit se servir de ce chamboulement mondial pour élargir son influence sur le long terme, dans les domaines économiques, culturels, scientifiques et politiques. Elle doit se placer en acteur central de la coopération internationale, tous domaines confondus, c’est-à-dire être en mesure d’influencer les acteurs internationaux dans ses domaines de prédilections, mais aussi de s’inspirer des expertises internationales là où la France accumule parfois du retard face aux autres Nations. Pour favoriser la croissance du multilatéralisme français, la France doit être ainsi aussi en mesure de favoriser les collaborations public-privé, vecteurs d’influence au-delà de nos frontières. 

En plus de développer son Soft Power, le pays doit maintenir un Hard Power à la hauteur de sa puissance, en protégeant et en entretenant ses atouts en matière de sécurité nationale et internationale. 

L’Europe est d’ailleurs au cœur de cet équilibre, et la France doit se poser en meneur de l’Union, alliant pour son compte et celui de l’Europe une double-volonté de développement des Soft Power et Hard Power. Face à la monté des populismes, la France doit se montrer intransigeante, et œuvrant pour les valeurs de la construction démocratique et européenne. Il est de la responsabilité de notre pays de défendre et permettre la construction européenne, et la coopération entre ses pays membres. 

L’Union Européenne doit acquérir plus de souveraineté, et pour se faire développer la solidarité entre ses Etats membres. Cette nouvelle construction passe entre autres par une dotation de moyens propres à l’Europe, mais aussi par le développement de champions européens, tous domaines confondus. 

C’est également par l’Europe que se fera la transition énergétique et environnementale. La France doit pousser pour l’adoption de normes et règlementations strictes en matière de transports, et notamment d’émission de gaz à effet de serre, mais aussi en terme de normes de construction. L’Europe doit également redevenir un champion agricole, en réajustement et revalorisant la PAC, et en adoptant un plan amitieux de réduction des pesticides et de réduction des quotas de pêche. L’Europe toute entière doit enfin se poser en champion mondial de l’économie circulaire, en interdisant communément l’usage des plastiques à usage unique, mais aussi en favorisant les circuits de consigne et de recyclage. 

Construire le Monde d’Après, aujourd’hui

Bien que terrible en conséquences, la pandémie de la Covid-19 nous ouvre la formidable opportunité de construire le Monde d’Après dès aujourd’hui. Alors que l’ordre mondial se perd et que les Nations se recentrent sur elles-mêmes, alors que la confiance en la démocratie peut parfois être mise à rude épreuve, la perspective s’offre à la France de rebâtir son système étatique pour favoriser sa construction nationale, sa sureté économique et la protection de ses citoyens. Si la démocratie et l’Etat en France sont capables de prendre le tournant de l’avenir, nous pourrons alors nous placer en leader du Monde de demain. Il est de la responsabilité de la France, de l’Europe et de la France dans l’Europe de favoriser la collaboration entre les grandes puissances, le renouvellement du multilatéralisme, et le combat des risques de demain, tant environnementaux, qu’économiques, politiques, démocratiques, sécuritaires et sociaux. C’est là le projet politique et géopolitique que défend le Cercle Orion.