[Tribune Marianne] - Laïcité : "La rupture avec l’ordre républicain doit être endiguée"
La laïcité, principe républicain qui fait vivre la citoyenneté par-delà les appartenances communautaires, est malmenée par des offensives idéologiques de l’islam radical et de l’islamo-gauchisme. Ces offensives prospèrent sur le terreau d’un manque de référentiel commun dans la jeunesse et d’un manque d’autorité. Il est urgent d’y répondre et de reprendre le flambeau pour empêcher une bascule communautariste.
Des attaques idéologiques qui prospèrent
Les Français dans leur ensemble semblent prendre la mesure du problème : d’après un sondage datant du mois de mars dernier, 8 Français sur 10 considèrent que la laïcité est en danger dans notre pays. Largement attachés à la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école, ils constatent que les atteintes à la laïcité mettent à mal ce principe fondamental du contrat social en France.
Toutefois, de nombreuses atteintes au principe de laïcité, rapportées dans les médias ou non, se manifestent, principalement à l’école. Du port d’un vêtement jouant délibérément sur l’ambiguïté de son caractère religieux pour tester la détermination des institutions à faire respecter la loi, jusqu’à l’assassinat d’un professeur pour avoir donné un cours sur la liberté d’expression, un dispositif idéologique islamiste a pris pied dans la jeunesse. Les revendications anti-laïques sont soutenues par les forces politiques telles que LFI, qui souhaitent susciter parmi les Français musulmans un nouvel électorat en flattant les penchants radicaux, voire en important le conflit israélo-palestinien en France. En 2023, un sondage IFOP révélait que 78% des Français musulmans regardaient la laïcité comme « islamophobe ». Cette démarche de séparation du corps politique général en fonction de l’appartenance à une religion peut ainsi être qualifiée de séparatisme électoraliste.
Un succès des idéologies victimaires dû à un manque de commun
Le succès idéologique de l’islamisme dans la jeunesse française issue de l’immigration sans jamais avoir vécu dans un pays musulman, tout comme le succès de son corollaire politique, l’islamo-gauchisme à l’université, sont dus à une absence de repères moraux et nationaux.
En ce qui concerne l’islamisme, l’absence d’autorité accoutumant la jeunesse aux règles de vie en société et aux mœurs françaises a pour conséquence le développement d’îlots où règne une loi étrangère, fondée sur une conception hors d’âge de l’« honneur » et des rapports entre hommes et femmes, croyants et mécréants.
En ce qui concerne l’islamo-gauchisme, celui-ci prospère sur la misère intellectuelle d’une jeunesse à la conscience politique hasardeuse qui se cherche un but et désigne comme ennemi commun tout ce qui représente la France et la civilisation occidentale de la manière la plus caricaturale possible. Sciences Po constitue, depuis le 7 octobre 2023, une des scènes de ce théâtre qui montre l’ampleur de cette emprise parmi les décideurs de demain. Quel avenir civilisationnel envisager pour un pays dont les futurs managers, conseillers politiques ou administrateurs de l’Etat sont diplômés d’une institution où l’on chasse une étudiante juive d’un amphithéâtre aux cris de « sionistes dehors ! » ? Quelle éthique transcendantale pour ceux qui se parent d’un keffieh palestinien et montrent aux caméras leurs mains peintes en rouge, symboles du massacre barbare de deux adolescents israéliens à Ramallah en 2000 ? Quelle conception de la démocratie et des droits de l’Homme pour ceux que viennent soutenir deux députés LFI, pour conforter cet antisémitisme décomplexé et pour dissuader les CRS de disperser l’attroupement ?
Une sortie par le haut de la pente radicale
Islamisme et islamo-gauchisme sont l’avers et le revers de la contestation systématique d’un ordre démocratique, républicain et laïque, présenté comme injuste. Le propre de la démocratie est de pouvoir s’auto-contrôler et de se réformer par la voie des élections. Ces dérives doivent donc être combattues chacune avec la même vigueur en premier lieu en contrecarrant les offensives victimaires, avec le concours des pouvoirs publics.
Le modèle de société permis par l’application scrupuleuse des principes républicains, notamment de la laïcité, est constitutif de la civilisation française, enracinée dans le judéo-christianisme. La civilité française et européenne repose sur la paix sociale, allégorie de la communion. Elle est aux antipodes de la conception exacerbée de l’honneur et de la violence vengeresse comme modus vivendi. Cet héritage historique, mis à mal par les idéologies citées ci-dessus, doit être davantage mis en valeur par un enseignement moral et civique plus concret et par un soutien au patrimoine culturel historique dont la connaissance doit faire partie du bagage commun des citoyens.
La majorité des Français est attachée à ces repères culturels qui permettent à une Nation enracinée de prospérer dans le cadre de la mondialisation. Le Cercle Orion propose depuis plusieurs années une réflexion sur les solutions à apporter. Les universités doivent revoir leur gouvernance pour redevenir des temples du savoir. Le traitement du repli islamiste doit être corrigé. La rupture avec l’ordre républicain doit être endiguée sur le long terme. Il serait également opportun d’interroger une éventuelle extension du principe de laïcité à la sphère publique en prenant en compte l’emprise du fait religieux dans la société actuelle.