Éditorial - Le soleil de la liberté ne doit s’éclipser sur l’Ukraine
Éditorial rédigé par Aymeric DELON, Conseiller spécial auprès du Président - Directeur des Études du Cercle Orion
A propos de l’insurrection de Budapest de 1956 contre le régime communiste hongrois, alors Etat satellite de l’URSS, Milan KUNDERA écrivit dans Un Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe centrale (Le Débat) : « En 1956, au mois de septembre, le directeur de l’agence de presse de Hongrie, quelques minutes avant que son bureau fût écrasé par l’artillerie, envoya par télex dans le monde entier un message désespéré sur l’offensive russe, déclenchée le matin contre Budapest. La dépêche finit par ces mots : Nous mourrons pour la Hongrie et pour l’Europe. Que voulait dire cette phrase ? Elle voulait certainement dire que les chars russes mettaient en danger la Hongrie, et avec elle l’Europe. Mais dans quel sens l’Europe était-elle en danger ? Les chars russes étaient-ils prêts à franchir les frontières hongroises en direction de l’ouest ? Non. Le directeur de l’agence de presse de Hongrie voulut dire que l’Europe était visée en Hongrie même. Il était prêt à mourir pour que la Hongrie restât Hongrie et restât Europe. »
Depuis plusieurs jours, la Russie de POUTINE a décidé d’envahir, sur un prétexte historique fallacieux, l’Ukraine. Au-delà de la négation brutale du droit international, l’armée de Moscou a décidé de violer la souveraineté d’une démocratie et de troquer la liberté d’un peuple fier en la peur d’une population sous la pluie des missiles.
Au sein du Cercle Orion, nous portons haut et fort les valeurs de liberté, de souveraineté, de respect du droit, d’humanité et de respect des peuples. Il est ainsi évident que nous sommes fortement émus et dénonçons avec la plus grande fermeté ce qui anime ce vent glacial et dévastateur qui déferle sur un peuple ukrainien qui n’a, pour POUTINE, que pour seul défaut d’être libre et indépendant. Nous saluons le courage fier et résolu du peuple ukrainien, porté par leur président Volodomyr ZELENSKY, dont la détermination doit chaque jour nous inspirer à l’avenir, pour défendre notre patrie, nos intérêts, nos valeurs.
Ce moment est majeur dans l’histoire contemporaine. D’aucuns parlent du retour de la “guerre froide” (Bruno TERTRAIS),
et le président de la République évoque le “retour du tragique”. L’Europe récolte cruellement les dividendes du désarmement pour la paix (Thomas GOMART). La pax mercatoria n’a pas effacé la politique et la puissance étatique : elle a permis la paix au sein d’une Union qui n’a voulu s’armer face aux périls extérieurs, une véritable “paix désarmante” (Chantal DELSOL).
Européen convaincu mais pas béat, le Cercle Orion croît dans la construction européenne pour la défense de nos valeurs humanistes communes et la garantie de notre autonomie stratégique à l’échelle pertinente qu’est notre continent. Le Cercle Orion se réjouit donc de la réaction commune très forte de la France et de ses alliés qui a conduit à un véritable aggiornamento stratégique de notre partenaire allemand, Berlin ayant décidé, d’une part, la fourniture d’armes à Kiev a contrario de sa doctrine militaire traditionnelle et, d’autre part, de reconsidérer sa politique énergétique très dépendante des ressources russes. Aujourd’hui, la communauté internationale a démontré sa réalité et nous nous pouvons que nous en réjouir : l’humanité avant les intérêts.
En définitive, que retenir de cette crise ? La leçon d’un peuple fier de sa souveraineté et de sa liberté. La nécessité d’une Europe puissance, pacifiste sans naïveté. Au sein du Cercle Orion, nous promouvons la liberté individuelle et collective, nous défendons l’autonomie stratégique nationale et européenne. Or, la liberté se révèle dans les épreuves et l’Europe se construit dans les crises. Sachons faire de cette épreuve un moment de résilience et d’ambition pour l’avenir européen.
La puissance du politique, après l’ère du Covid dressant les limites de l’économisme post-moderne, a ressurgit une deuxième fois, preuve d’un monde en mouvement, loin des idéaux de “fin de l’Histoire” (Francis FUKUYAMA). Avec le Cercle Orion, ainsi qu’AimPact et Agora, nous œuvrons pour redorer la politique par le débat d’idées, pour réconcilier la politique et le citoyen, pour entrer dans l’arène et défendre nos combats. Soyons fiers, soyons solidaires, soyons ambitieux, soyons lucides, soyons au rendez-vous du retour de l’histoire que nous nous devons de façonner, et non de subir.