Compte-rendu du petit-déjeuner avec Agnès PANNIER-RUNACHER

Mercredi 26 janvier, le Cercle Orion a eu le plaisir de recevoir la Ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher afin de lui présenter sa note « Pour un renouveau industriel français » et plus précisément, ses propositions sur la réindustrialisation de la France.

En effet, du fait de nombreux mouvements structurels tels que la mondialisation, la réduction du temps de travail, la mutation de notre tissu productif, le sous-investissement dans l’industrie, s’est opéré en France, un mouvement profond de désindustrialisation dès le début des années 1980, sans que les gouvernements successifs n’aient pu l’arrêter. 

Alors que la crise sanitaire de la Covid-19 et sa mutation en crise économique, ont mis en lumière les fragilités criantes de notre tissu productif, elle a également participé à une prise de conscience, faisant de la réindustrialisation une priorité stratégique des prochaines années. L’épisode des masques a marqué notre incapacité productive et notre trop grande dépendance vis-à-vis de pays étrangers et notre conscience. 

Face à ce constat, la Ministre déléguée chargée de l’Industrie est revenue sur le bilan du gouvernement et sur les grands défis qui restent encore à relever pour réindustrialiser la France et retrouver notre pleine souveraineté. 

Ainsi, dès 2018, le gouvernement a travaillé à la construction d’un cadre qui redonne confiance aux investisseurs. Au premier plan, la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) pour la transformer en impôt sur la fortune immobilière (IFI), censée favoriser l’investissement sur le territoire, libérer l’épargne et créer de l’emploi. Bien que les conséquences de la mesure soient aujourd’hui difficiles à évaluer, nul doute qu’elle ait produit un signal extrêmement positif aux yeux des investisseurs. 

Le gouvernement s’est également attelé au chantier majeur de la compétence, un des clés de la réindustrialisation de la France. Une industrie forte passe par des individus formés, expérimentés et novateurs. En termes d’apprentissage, plus de 600 000 contrats d’apprentissages ont été signés en 2021. Même si de nombreux efforts pour que la main d’œuvre et notamment la jeunesse se forme davantage aux métiers de l’industrie, dans les filières clés du futur. 

La dernier volet engagé par le gouvernement pour redonner une place de premier rang à notre industrie, c’est d’une part, la simplification des démarches et d’autre part , instaurer une lisibilité de long terme sur les grands chantiers : simplification des démarches administratives, loi de programmation pluriannuelle de la recherche, engagements financiers massifs dans la R&D.

Enfin, la crise sanitaire a également été une chance pour amorcer de nombreux changements structurels, laissant de très grandes marges de manœuvres. 

Cette crise s’est divisée en trois temps principaux :  

·      Absorber le choc et corriger les erreurs de 2008 (activité partielle pas assez généreuse et augmentation de la fiscalité après la crise)

·      Le plan de relance afin de favoriser l’investissement et ce malgré le niveau d’incertitude autour de trois secteurs clés :  l’innovation, la modernisation, la décarbonation et relocalisation avec un focus important sur les PME et ETI. Objectif atteint car un tiers des entreprises a eu recours au plan de relance et notamment pour le numérique avec la réussite d’industrie du futur et 700 projets de relocalisation. En France en un an, nous avons une exécution quasi complète du plan de relance alors que de nombreux pays européen sont encore à la planification et au démarrage. 

·      Le dernier temps est le plan France 2030 annoncé en octobre dernier. Alors que le plan de relance a servi à stabiliser et relancer, ce plan France 2030 servira à créer de nouvelles filières et nouvelles technologies en sélectionnant des enjeux clés. (santé, alimentaire, hydrogène…). 

Mais la réindustrialisation et la souveraineté doivent avant tout se penser à l’échelle européenne, face à de grandes puissances comme la Chine, les Etats-Unis et les pays émergents. 

De fait, pour faire face à cette farouche mondialisation, le sujet de la concurrence loyale est une des clés pour l’Europe, à l’heure où la tentation du protectionnisme se fait forte et traduit un aspect néfaste pour une économie intégrée comme l’Europe. Promouvoir des marchés contestables et concurrentiels, financer l’innovation, développer un cadre normatif exigeant vis-à-vis des pays étrangers, filtrer les investissements étrangers, respecter la protection du consommateur, empêcher les rentes de situation et créer de véritables écosystèmes industriels sont des chantiers colossaux mais indispensable pour l’Europe. 

Toutefois, malgré tous les défis à venir, la France est sur la bonne voie. Depuis 2017, la France a un réel bilan économique et industriel à défendre. En 2019 et en 2020, la France est le premier pays pour les investissements direct étrangers (IDE). En matière industrielle, en 2020 la France a construit 2x fois d’usines qu’elles en a fermées. En 2021, pour la première fois depuis plus de 20 ans, la France a recréé de l’emploi industriel et c’est 1 million d’emplois qui ont été créés depuis 2017. Cette dynamique de l’économie a permis d’atteindre un taux de croissance record en 2021 : 7% et un taux de chômage au plus bas depuis 13 ans.

Un évènement riche qui s’inscrit pleinement dans les sujets portés au Cercle Orion dans le cadre de la campagne présidentielle.