La mobilité à l’heure de 2022

La mobilité à l’heure de 2022, c’est avant toute chose l’heure des choix, l’heure des directions, l’heure des tournants. La question du transport et des mobilités au sein des régions et des villes, à l’heure de la pandémie, est devenue une véritable priorité pour de multiples acteurs en ce qu’elle constitue :

·       Un sujet primordial pour les villes et les régions : ces dernières voient en la mobilité de leurs résidents un formidable levier social et économique, de par le désenclavement des populations mais aussi pour fluidifier et amplifier l'attractivité de leur centre-ville et de leurs zones d'activités.

  • Un enjeu économique et structurel : face à la pandémie, la capacité des entreprises à réagir et à se relancer a été mise à rude épreuve, et les réponses trouvées ont été à la hauteur de l’enjeu économique. Au-delà de la relance conjoncturelle de l'économie, les enjeux structurels ont été mis en évidence par l’impact foudroyant et inévitable d’une crise sans précédent, dont le monde en 2021 a appris, à pas mesurés, à vivre avec.

  • Un symbole de la nécessité de changer d’approche, un symbole des attentes suscitées par les nombreux mouvements écologistes, un symbole envers les générations futures.

 D’un sujet qui d’ordinaire est considéré comme secondaire, la promesse de villes connectées entre elles et d’un monde optimisé fait renaître un intérêt soudain pour la mobilité et le transport en général. On note ainsi les transformations impressionnantes de la SNCF ou de la RATP qui, malgré la taille critique de leurs structures, opèrent des changements radicaux dans leur interface comme dans leur gestion des opérations.

 Un benchmark plus consistant des pratiques existantes et des technologies à disposition montre les progrès réalisés dans tous les domaines disponibles, du « hardware » comme les véhicules et moyens de propulsion, jusqu’aux « softwares » comme les outils de contrôle de la maintenance (IoT et algorithmes) ou d’optimisation des flux.

 Cette période d’innovation concentrée bénéficie aux consommateurs mais aussi aux infrastructures.

 L'avènement de nouvelles technologies qui font parler d’elles depuis des décennies marque l'accélération de la courbe d’innovation : nous sommes enfin face aux technologies futuristes dont nous avons tant parlé ces trente dernières années. Et pour cause, puisqu’elles viennent révolutionner des industries centenaires et lourdes telles que le secteur de l’automobile qui profite le plus de cette accélération technologique. Grâce à ces nouvelles technologies, 2022 peut marquer un tournant et maintenir la flamme de l’espoir d’une planète plus propre.

L’électrique devient une alternative crédible

2022 va marquer un tournant majeur dans l'avènement de véhicules électriques sur les marchés développés. Avec une part de marché traditionnellement faible, de l’ordre de 3 à 5 %, les alternatives électriques se développent massivement et cela se justifie par :

  • Un investissement de la part de tous les constructeurs majeurs sur des gammes complètes : pour la première fois, de nombreux constructeurs commercialisent des gammes complètes de véhicules, et placent une barre ambitieuse d’objectif de plus de 30 % de leurs ventes d’ici 2035 (e.g Stellantis, FIAT). Cet investissement intègre les camionnettes et les camions (e.g Tesla) mais également les mopeds qui se propagent dans les centres-villes (Tier, Emmy) ;

  • Un développement ultra-rapide des stations de charge et d’un réseau de charge au niveau national : un des freins principaux des véhicules électriques était le mapping des stations de charge hors centres-villes, empêchant les conducteurs d’effectuer des longs trajets (environ 32.000 en 2021 contre 20.000 en 2017) ;

  • Des voitures plus autonomes dont les batteries connaissent une durée de vie plus importante ;

  • Des superchargeurs qui permettent désormais un “fast-charging” de 80 % de la batterie d’un véhicule en seulement 20 minutes (sur le même modèle que celui des smartphones) ; et

  • Une production de véhicules qui intègre de plus en plus de matériaux facilement recyclables et qui s'éloigne de l’utilisation de terres rares.

L'hydrogène comme relais de l'électrique, pour un futur plus propre

La promesse de nouvelles énergies dans le mix-produit séduit définitivement, dont l’utilisation de l'hydrogène. On pense notamment à Toyota qui déploie déjà des modèles test pour l'hydrogène (Toyota Mirai) sur route qui reste un modèle économique encore difficilement justifiable, mais qui va tendre à se démocratiser, ainsi que les stations de recharge à hydrogène en France, au nombre de 15 pour le moment.

Côte aviation, de nombreux projets dont Zéro Avia (https://www.zeroavia.com) voient le jour pour créer le modèle d’avion de demain, qui permettra des émissions de CO2 réduites (environ 1 milliard de tonnes de CO2 par an pour l’avion).

Des technologies orientées expérience client pour une mobilité plus simple

Si les évolutions technologiques semblent se préciser et dessiner un environnement compréhensible pour les vingt prochaines années, encore faut-il que ces technologies soient adoptées par les consommateurs finaux.

Certes, l’urgence climatique pousse à une acceptation plus pragmatique, mais on comprend également la position ambivalente des constructeurs à expliquer que tant que les modèles « nouvelles énergies » seront aussi chers,

les consommateurs auront tout intérêt à opter pour un modèle hybride ou un modèle basse consommation plutôt qu’un modèle coûteux qui aura évolué dans 2 ans. L'intégration du consommateur au cœur des décisions, sous le prisme “design thinking”, est encore plus important notamment concernant l’usage final du transport. Le développement de l'intermodalité et de la micromobilité sont des symboles forts des besoins de transports qui n'étaient pas ou peu couverts jusqu'à maintenant.

Du côté client : Une intégration maximale pour une expérience optimale

Si les clients citadins ont l’habitude de télécharger et d’installer de nouvelles applications, il s’agira maintenant de proposer des interfaces unifiées au sein des villes et des agglomérations afin de permettre une expérience qui soit :

  • Complète, dans la gamme d’offre proposée, du transport au paiement en ligne ;

  • Unifiée, avec une interface que l’on pourrait retrouver partout en France ; et

  • Évolutive, avec une structure back-end dédiée afin de proposer un maximum de données en temps réel.

In fine, il s’agira de naviguer vers une proposition de valeur aussi simple que possible pour l’utilisateur final, afin que le vernis technologique soit une chance et non plus un compromis supplémentaire.

Du côté intégrateur : A la recherche du temps perdu

Chez les intégrateurs, notamment les collectivités et les métropoles, il s’agira d'établir une prise de position forte dans l’utilisation faite des données de transport et des offres de mobilité, en proposant une politique unifiée et encore plus claire.

Il est clair que les objectifs sont multiples et permettent de répondre aux besoins urgents, à savoir :

  • Réduire l’impact écologique du transport en ville en réduisant les bouchons ;

  • Réduire les temps de charge et de transfert en augmentant l’offre mobilité ;

  • Réduire les incivilités et les fraudes au paiement ; et

  • Désenclaver les zones les plus rurales et favoriser une expérience utilisateur satisfaisante.

Les sujets “chauds” de 2022

Afin de comprendre les enjeux revêtus par la mobilité et les transports aux abords d’une année cruciale comme l’est 2022, nous avons listé quatre des sujets qui nous paraissent primordiaux car en phase avec les attentes des utilisateurs et des citoyens et dont l'avènement technologique semble aujourd’hui se confirmer.

1 - L’intermodalité comme vecteur social

Désenclaver les zones rurales, favoriser les migrations pendulaires et faciliter le “dernier kilomètre", ce sont tous les challenges à relever par l'intermodalité pour 2022. Il s’agit de rendre les centres-villes accessibles et faciles d'accès, mais aussi de réenchanter les migrations pendulaires, qui sont plus souvent vues comme de réelles contraintes.

Voici quelques propositions pour faciliter ce vecteur social :

  • Création d’une interface multimodale nationale (sur le modèle des opérateurs) dans laquelle toutes les options seront possible (booking, paiement, abonnement, trafic en temps réel) ;

  • Création d’une plateforme de covoiturage national (sur le modèle « gens de confiance ») avec des réductions d'impôts pour les utilisateurs ;

  • Création d’une prime à la mobilité verte pour les entreprises par employé.

Ces propositions permettront d'évacuer le frein de la complexité du vernis technologique et de l'accessibilité. De plus, il s’agit cette fois ci de soutenir ceux qui font une bonne action et non plus simplement réprimander.

2 - Renforcer l’initiative ZEF dans toute la France et renforcer les restrictions

Accroître le nombre de ZEF prévues et les restrictions liées, incluant des systèmes de péages aux abords des grandes villes et des systèmes de macarons dans les plus petites villes :

  • Conditionner les nouveaux abonnements de stationnement ;

  • Conditionner le transit route/train ;

  • Création de péages urbains pour les véhicules non-résidents.

3 - Gratuité des transports publics, sous conditions

La gratuité des transports publics est une thématique qui doit se corréler avec une approche d’interface plus globale, en accord avec les politiques régionales.

Des zones tests doivent être mises en place concernant certains transports (bus par exemple) afin de pousser les utilisateurs à emprunter un maximum les transports en commun. Une étude au cas par cas des moyens doit également être faite, compte tenu des investissements financiers réalisés (métro Parisien par exemple). C’est également un pas en avant vers une société définitivement plus juste.

4 - Une connectivité accrue entre pays

Une des promesses de 2022 est tournée vers l’Europe et le renouveau de ses réseaux connectés permettant de desservir les grandes capitales plus facilement, hors avions.

Le lancement de nouvelles lignes ferroviaires entre Paris et Berlin est un symbole fort du besoin qu’a l’Europe de fonctionner d’une seule voix en termes de mobilité. C’est comme cela que nous construirons des géants européens.