Éditorial - Le télétravail, et maintenant ?
Le Gouvernement a annoncé pour le 9 juin la fin du télétravail à 100 % et un retour progressif au bureau pour la plupart des Français. Les conditions de ce retour dépendront des accords trouvés dans le cadre d’un dialogue social établi dans chaque entreprise. Dans la fonction publique le nombre de jours de télétravail va passer à trois.
Mais, après trois confinements et plus d’une année de télétravail généralisé, quel bilan peut-on tirer et quel avenir peut-on souhaiter à ce mode d’organisation ?
Le bilan du télétravail est globalement positif. Le télétravail répond à une demande sociale, économique et environnementale. Il permet de mieux concilier nos vies professionnelles et personnelles. Il rend, dans une certaine mesure, les salariés et les entreprises plus productives. En réduisant les transports au bureau, il a un impact environnemental positif évident. En outre, le télétravail est facile à demander pour les salariés et facile à mettre en place pour les entreprises.
L’adoption rapide du télétravail par les startups illustre particulièrement l’attrait que celui-ci représente pour des entreprises en quête d’efficacité, d’agilité et de bien-être salarié. En télétravail depuis le premier confinement, Prévision.io a par exemple choisi de le rester même après la crise sanitaire. La startup a choisi d'imposer définitivement le télétravail à ses 50 salariés, principalement des développeurs, et n’a pas renouvelé le bail de ses locaux. Il s’agit d’un exemple entre de nombreux autres.
Les effets bénéfiques du télétravail ont conduit le Gouvernement à l’encourager. Ainsi un droit au télétravail a été créé pour les salariés français dans la loi pour le renforcement du dialogue social. Il importe dès lors de généraliser le droit au télétravail pour les salariés dans les entreprises et de le respecter.
Pourtant, des limites au modèle du télétravail ont été révélées depuis le premier confinement. Une étude conduite par JLL auprès de plus de 3000 personnes dont 300 Français et publiée début juin, montre que 51 % des salariés se disent « désenchantés » au travail et 44 % se sentent « sous pression ». En France, 70% des salariés considèrent manquer d’interactions sociales et 58 % reconnaissent une préférence pour des interactions en face à face. Plus loin, c’est la productivité qui commencerait à décliner, un constat inédit. Ainsi seuls 43 % des salariés se sentent plus productifs à domicile qu’au bureau.
Si le télétravail est efficace pour tout ce qui concerne les tâches individuelles, le présentiel reste essentiel pour les tâches collectives comme les réunions, le recrutement, ou les formations. Le lien social physique est irremplaçable. On peut difficilement être aussi créatif et constructif quand on est derrière son écran sur Zoom, qu’autour d’une même table.
Un retour en arrière ne semble aujourd’hui ni possible ni souhaitable, au vu de la reconnaissance dont a pu bénéficier à juste titre le télétravail. Mais, au vu des effets négatifs du télétravail sur les interactions sociales, voire sur la santé mentale des salariés, un modèle hybride doit s’imposer. L’enjeu est de déterminer avec précision, en interne, quelle place les entreprises et collectivités publiques veulent accorder au télétravail. Cela représente in fine une opportunité concrète de progrès social.