CR - Venture Capital in the post crisis era in Europe with Cercle Orion, AviaMediaTech and Antler

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La conférence traitait des enjeux du Venture Capital à l’heure de la crise de la covid19. Trois intervenants ont mené la conférence : Alexandre Mancino (président du Cercle Orion), Alexis Grabar (CEO d’AviaMediaTech) et Antoine Poirson (General Partner chez Antler UK).

Alexandre Mancino, président du Cercle Orion, a d’abord présenté les activités du think-tank et rappelé qu’il s’agit d’une association politique, qui tend à réfléchir aux enjeux auxquels est confrontée la jeune génération. Créé en 2017, le Cercle Orion a pu compter sur le soutien de nombreuses personnalités pour nourrir ses réflexions qui ont, en outre, vocation à aboutir à la proposition de recommandations concrètes. Le Cercle a pour volonté d’agir dans l’intérêt général en émettant et appliquant diverses recommandations. Un pôle londonien a été lancé autour d’un partenariat tech & innovation avec Alexis Grabar.

Alexis Grabar a expliqué comment fonctionne le Venture Capital. Le Venture Capital (VC) permet d’apporter du capital aux différentes phases de développement des startups. Les fonds viennent principalement des fonds de pension et des sociétés d’assurance. Il s’agit d’une industrie née il y a 25 ans. De 2009 à 2020 les montants du VC n’ont pas cessé d’augmenter. L’année du Covid-19 a fait exploser ces chiffres : environ 325 milliards de dollars ont été investis.

Alexandre Mancino a repris en expliquant que l’Europe est en retard comparativement aux Etats-Unis. Il existe par ailleurs une différence entre Londres et Paris. Les investissements et la prise de risque dans le Venture Capital à Londres sont plus forts. On peut reprocher à l’Europe sa réglementation trop restrictive.

Aux Etats-Unis et notamment dans la Silicon Valley, les investissements sont les plus forts au monde. Le rapport au risque, tant du point de vue de l’entrepreneur que de l’investisseur, est culturellement plus encouragé.

Le marché chinois et Israël sont aussi pionniers. Israël compte un nombre important de startups valorisées à plusieurs milliards d’euros, au point d’apparaître comme une véritable « startup nation ».

Alexis Grabar a ensuite montré que le propos d’Alexandre se confirmait eu égard aux investissements dans l’intelligence artificielle, la blockchain, qui sont déséquilibrés entre les Etats-Unis, l’Asie et l’Europe.

Alexandre Mancino a cependant souhaité relativiser la bonne santé du marché du VC qui a pu être présenté dans la presse économique comme une bulle financière. On le voit avec l’échec de l’entrée en bourse de Deliveroo qui montre qu’il faut rester prudent quant à la réalité du marché. Le covid est-il la raison de l’année exceptionnelle qu’a été 2020 pour le VC, ou bien cet engouement s’inscrit-il dans une tendance plus lourde et historique ?

Selon Alexis Grabar l’année 2020 a été à l’origine d’un essor de la créativité et de l’apparition de nouvelles opportunités. Alexandre Mancino a confirmé cette idée en citant notamment Churchill qui aimait dire qu’ « il ne faut jamais gâcher une bonne crise »

Antoine Poirson, ancien entrepreneur qui a créé sa startup en 2015 dans le domaine médical, est aujourd’hui partner chez Antler. Il a souhaité apporté son soutien aux entrepreneurs, d’où sa volonté de rejoindre Antler. 

Antler est un fonds de VC international, présent sur tous les continents et est focalisé sur l’early stage. Antler a réalisé plus de 300 investissements dans des startups. Antler veut être le premier investisseur des entreprises, son positionnement est donc très « early ». La sélection d’entreprises par Antler s’opère avant tout selon le profil des entrepreneurs. Antler travaille auprès d’eux pour développer le projet tout au long de la vie de l’entreprise.

Plusieurs éléments sont à l’origine de la réussite de l’année 2020 pour le VC. La quantité d’argent n’a fait qu’augmenter sur les douze dernières années, d’où l’on constate une inflation du volume des assets. Les taux d’intérêt sont bas. Le Cloud amène en outre un potentiel d’innovation énorme et encore loin d’avoir été exploré. La valeur se trouve dans les marchés privés. Les montants du VC sont aussi complétés par les activités de groupe des Business Angel, anciens entrepreneurs disposant de fortes capacités d’investissement.

Antoine Poirson a finalement évoqué la hausse de l’attractivité du marché européen d’une part (l’Europe est devenu le principal marché d’Antler), et l’arrivée de « megafunds » d’autre part.  Aujourd’hui un tour de table en serie A peut être bouclé en trois ou quatre mois.  

Concernant les individus, les profils des entrepreneurs, on observe que quel que soit le niveau d’éducation, le genre, le talent est présent.

Questions :

Peut-on envisager que la France s’affirme réellement comme moteur de l’entrepreunariat et terreau fertile de start-up (à l’image d’Israël que vous avez pu mentionner) ? La France semble encore accuser un certain retard par rapport à ses voisins européens mais peut-être que le Brexit pourrait redistribuer les cartes du marché VC ? (Aya Boulmaarouf)

Antoine Poirson considère que l’écosystème VC français est presque en surchauffe vu l’importance des montants. Les meilleures entreprises mettent en concurrence de dix à quinze investisseurs. La qualité de nos business schools et écoles d’ingénieur participe aussi de la maturité de l’écosystème.

Peut-on vraiment parler de marché du VC européen ? Le marché reste très fragmenté, avec un certain nombre de centres régionaux. Est-ce un frein pour le développement d’une “Silicon Valley” européenne?

Cela a beaucoup évolué selon Antoine Poirson. La manière dont la plupart des fonds vont chercher des investissements se fait sans se focaliser sur l’Europe. Chez Antler on a davantage de tours de table guidés par des investisseurs majoritairement européens. Paris, Londres et Berlin sont actifs. Donc de son point de vue on a un système qu’on peut qualifier d’ « européen ».

Alexandre, tu as brièvement mentionné la question des investissements ESG, quel intérêt pour le marché du VC ? À quoi ressemble un cadre d'investissement ESG pour le VC ? (Aya Boulmaarouf)

Alexandre Mancino a répondu que les enjeux de RSE ont longtemps été considérés comme des freins à la performance. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La RSE est un enjeu de performance de nos jours. Les ESG constituent un secteur d’avenir pour la finance.

Antoine Poirson a ajouté que l’impact provenait des entrepreneurs qui ont l’ambition de résoudre ces problèmes. Finalement, qui change le monde, les entrepreneurs ou les hommes politiques ? a questionné Alexandre Mancino pour ouvrir le débat.

Est-ce que les GAFAM ont remplacé les IPo's pour les exits des startups? (Alexis Grabar)

Le vrai sujet pour les entrepreneurs est celui des exits. L’arrivée des « megafunds » permet de favoriser les sorties.

Quelles sont vos observations quant au rôle du VC et de l’entrepreneuriat en tant que nouvel ascenseur social ? (Vanja Misevic)

Antoine Poirson s’est dit convaincu de cela. Pour s’enrichir individuellement le meilleur moyen est aujourd’hui de créer sa startup. On a aussi de plus en plus de profils techniques dans le milieu.

En termes de régulation en Europe (et en France), que faudrait-il modifier en priorité pour favoriser les investissements, et surfer sur les opportunités de la destruction créatrice liées à la crise covid ? (Marie Wassilieff) 

On en vient selon Alexandre Mancino au débat du droit européen de la concurrence, omniprésent. La bureaucratie française limite les opportunités. Il faut encourager les dispositifs de création de prototypes dans un cadre flexible où la régulation n’est pas limitative.

En conclusion Alexis Grabar a reconnu que les startups européennes n’ont peut-être pas encore assez d’ambition. Antoine Poirson a toutefois soutenu l’idée que l’Europe était sur la bonne voie concernant le développement de la culture entrepreneuriale et des investissements dans l’écosystème startup. Alexandre Mancino a conclu en disant qu’il fallait à cet égard continuer d’apprendre à oser et être audacieux.