A droite toute !

 

Si la France est résolument à droite, des candidats vont à droite toute ! Or, les Français aspirent à : de l’ambition et la bienveillance - ce qui exclut Zemmour ; de la compétence et de la hauteur - ce qui exclut Le Pen ; du dynamisme et de l’honnêteté - ce qui pourrait exclure les autres candidats. Les Français veulent un projet qui émancipe, qui protège, qui fédère. De la fermeté, pas de la fermeture. Or, à plusieurs titres, à droite, c’est Édouard Philippe et ses Horizons qui incarne cette offre… 

 

La France est à droite. Ce n’est pas une incantation idéologique, c’est une réalité statistique … et les faits sont têtus — n’en déplaise à la gauche, mais qui l’a bien cherché (cf. mon dernier édito). Or, aujourd’hui, trois candidats adoptent, dans un style et un angle différents, une ligne droitière. Immigration, sécurité, identité n’ont jamais autant été évoquées et une véritable course à la surenchère s’est installée depuis plusieurs semaines, la primaire LR l’a parfaitement illustrée.

Et à ce titre, la droite dure a quatre champions : Marine Le Pen, Eric Zemmour, Valérie Pécresse et … Eric Ciotti (qui a gagné sans vaincre). Leur angle diffère sur leur(s) électorats-cibles : droite populaire, droite entrepreneuriale, droite sociale, droite rurale, droite conservatrice, droite bourgeoise (qui parfois se superposent). Si gagner à droite requiert de rassembler le plus possible de ces droites, la ligne commune choisie est claire : fermeté voire hostilité envers les étrangers — au grand dam notamment de l’Europe, thème central à venir …  

Chacun ses faiblesses. Le Pen ? Son ancienneté. L’effet nouveauté, majeur dans le piment électoral, a fané ; elle rassemble sans convaincre. Zemmour ? Son déclinisme. Un discours passéiste aux âcres notes de révisionnisme. Pécresse ? Sa tutelle. Surplombante, l’ombre d’Eric Ciotti enserre la jambe droite de la candidate LR, qui risque l’hypertrophie. Le niçois a même proposé à la versaillaise un ticket, avant que Patrick Stefanini, incontournable directeur de campagne de cette dernière, lui rappelle que nous ne sommes pas les Etats-Unis (l’ombre du modèle Trump est aussi fortement perceptible dans cette lutte pour l’Elysée). 

 Si la France est résolument à droite, les Français aspirent à plusieurs points. Premièrement, de l’ambition et la bienveillance - ce qui exclut Eric Zemmour, dont les thèses et la méthode se fondent structurellement sur le clivage et le passéisme. Deuxièmement, de la compétence et de la hauteur - ce qui exclut Marine Le Pen, qui après son débat raté montre encore, malgré du travail, ses lacunes. Un candidat digne de la grandeur de la France ne doit pas être techno, mais se doit d’être technique : connaître l’essentiel de l’ensemble des sujets, et se servir des données pour arbitrer et peaufiner une politique (et pas les prendre sans les enraciner dans la réalité). Du dynamisme et de l’honnêteté - ce qui pourrait, sur ce dernier point, exclure les autres candidats.

S’agissant de Valérie Pécresse, elle possède de nombreux atouts forts, pour cette campagne comme pour la France. Premièrement, sa technicité. Justement, sans être techno, Valérie Pécresse est une bosseuse. Cela se sait, cela se sent et cela se salue. Deuxièmement, sa dynamique. Dynamique dans sa personnalité, elle a une énergie combative communicative ; dynamique dans les sondages, celle-ci est indéniable mais gare à l’essoufflement (en l’espace d’un trimestre, on a eu trois configurations de second tour) !

Troisièmement, sa féminité. En effet, comme souligné précédemment, les Français sont toujours en recherche de nouveauté. Or, les Français pourraient être tenté d’avoir (enfin?!) une présidentE de la République. Quatrième et dernièrement, son positionnement politique. Elle est en phase avec l’électeur moyen français s’agissant de sa position idéologique sur l’échiquier politique (cf. étude IFOP juin 2020 : sur un axe droite-gauche, la note moyenne d’auto-positionnement des Français est de 6.2/10). 

Néanmoins, sur ce créneau, elle n’est pas la seule. Elle a des avantages objectifs pour rivaliser et gagner face à Emmanuel Macron - et il le sait. On vient de les énumérer. La candidate LR cible le bilan présidentiel sur deux axes : d’une part, son “angélisme régalien” ; d’autre part, il a “cramé la caisse”. Sur le premier point, s’il a musclé progressivement son dispositif, incarné par son dernier Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, on peut convenir d’un axe d’attaque - après tout, c’est le propre d’une ligne droitière. Sur le second, cela est bien plus contestable. Et Bruno Le Maire le rappelle avec la force des chiffres — car, là encore, les faits sont têtus. Avant la crise sanitaire, on rappellera que, pour la première fois depuis la crise financière, le déficit budgétaire a diminué, jusqu’à permettre la sortie de la procédure pour déficit excessif et même le reflux de l’encours de dette (le déficit était, pour être technique, inférieur au déficit stabilisant). Pendant la crise sanitaire, le “quoi qu’il en coûte” a évidemment fortement crû l’endettement public. Or, comme l’a récemment souligné un rapport conjoint de l’Institut des politiques publiques (IPP) et du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), si la France n’avait eu le “quoi qu’il en coûte”, la récession du PIB aurait été de 20 points supérieur (-37% dans le contre-factuel contre -17%), entraînant un ratio de dette publique sur PIB augmentant jusqu’à 140% (soit plus de 20% qu’aujourd’hui). L’attaque de Valérie Pécresse est donc tout bonnement infondée. Si elle reconnaissait avec honnêteté ce bilan - que les Français connaissent et en remercient le Président - elle pourrait visiblement se différencier et faire une force de son programme. Or, là, elle s’expose aux critiques de fausseté pour motif politicien : critiques cruelles - sans compter le risque que prennent ses adducteurs soumis à rudes épreuves dans cet éprouvant grand écart entre les deux pans de la droite qu’elle doit rallier. 

Or, il existe des personnalités politiques qui avancent un projet qui émancipe, qui protège et qui fédère tout en reconnaissant les mérites du quinquennat actuel. Un programme de fermeté - sur les comptes, sur l’ordre public, sur nos intérêts européens et internationaux … - mais pas de fermeture - fermeture à l’étranger, fermeture à l’unité politique, fermeture à la vérité des faits. La France a besoin d’ambition et de bienveillance. De prospective positive et lucide. D’unité apaisée et affable. D’enracinement sans nationalisme. De sérieux, sans se prendre trop au sérieux. En définitive, l’exemple de l’homme d’État qu’il faut pour tracer les horizons et réconcilier le quotidien des Français, c’est … Édouard Philippe.