Éditorial - Le casse-tête de la rentrée parlementaire : prioriser, unir ou réformer ?

À moins de huit mois de l’échéance présidentielle, les parlementaires savent que les derniers moments dans l’Hémicycle seront précieux. Ils auront à se prononcer sur le projet de loi de finances, celui de la Sécurité sociale. D’autres textes vont arriver, sur la responsabilité pénale, la sécurité intérieure, la rémunération des agriculteurs ou encore le grand sujet de la décentralisation.

C’est donc un certain nombre de gros chantiers qui vont jalonner les derniers mois de la session parlementaire, dans une France où la crise sanitaire, provoquée par la pandémie de Covid-19 en mars 2020, empêchait d’agir et de réformer. En ces dernières heures de quinquennat, il semble être ainsi question d'aller au bout des textes de loi, mais aussi de se positionner. Deux écoles subsistent en la matière: celle qui consiste à s’inscrire dans une continuité, et celle qui estime ne pas être utile de continuer à avancer, qu’il est l’heure de mobiliser.

Ainsi, certains cherchent à exploiter cette « dernière ligne droite » pour donner du relief à leurs ambitions, et mettre leurs groupes en situation d’assumer les propositions de campagnes à suivre, notamment celles des primaires.

Conséquences directes ? Tout d’abord une volonté non dissimulée de vite clôturer un grand travail de réforme en quelques mois, sans véritable soucis de priorisation de l’agenda: Une partie de ces priorités gagneraient à mener à des clôtures de dossiers, à des accords politiques finaux qui ont parfois trop tardé à aboutir. Cet agenda est par ailleurs à bien des égards presque coupé des circonstances. Nombre de textes de lois semblent ainsi principalement découler de l’envie de certains élus/partis/groupes de s’affirmer en force d’alternance. Nous avons néanmoins plus affaire à une succession de mesures et propositions isolées qu’à de vraies politiques. Est-il vraiment l’heure de faire voter une proposition de loi visant à interdire les salles de shoot, pour ne citer que cela ?

Nous ne pouvons que regretter ce qui s’apparente finalement à une « appropriation » du débat public, à l’heure où la conscience civique devrait guider l’action. C’est notamment en cultivant cette vertu « que dans les prochaines semaines, les prochains mois, les prochaines années, nous allons projeter notre pays vers l'avenir ». Nous reprenons ici les mots du président Macron. Peut-être déjà président en campagne. Il n’en reste pas moins, qu’à l’heure du marathon législatif (pour ne pas dire électoraliste), appeler à la raison ne nous semble pas indécent.