Compte rendu - Soirée de restitution Orion 2022 - Partie Comité Identité & Sécurité

Pour Thibault de Montbrial, la France est aujourd'hui à la croisée des chemins. Dans un diner-débat passionnant, l’avocat, auteur et président du Cercle de réflexion sur la sécurité intérieure nous a livré un diagnostic lucide, dur mais dépourvu de fatalisme : le sursaut est encore possible !

 En propos liminaires, Thibault de Montbrial a souhaité insisté sur trois points :

Premièrement, la sécurité n’est ni de droite ni de gauche. Comme le souligne l’analyse classique (Hobbes), la sécurité est le plus petit dénominateur commun de tout groupe organisé. Ainsi, dans la pyramide des besoins de Maslow, la sécurité et la stabilité sont les besoins venant directement après les besoins physiologiques.

Deuxièmement, une des raisons du déclin en matière de sécurité de notre société est, paradoxalement, l’expérience de 70 ans de paix. La tradition de se défendre a ainsi progressivement disparu jusqu’à nos générations. Cette défaillance défensive de la population est accrue, d’une part, par la dimension maternante de l’Etat en France et, d’autre part, la fin de toute transcendance dans notre société sécularisée et matérielle.

Troisièmement, la mère de toutes les batailles, c’est l’immigration. Notre population est en train de changer et cela a quatre conséquences :

-   primo, un changement culturel catastrophique avec une fragilité dont profitent nos  ennemis pour diffuser un soft power musulman ;

-   deuxio, une montée en degré du terrorisme : décrit en trois paliers (actions ponctuelles, guérilla, guerre civile) au sein de certains services de renseignement, on n’exclut pas le passage du premier stade à la guérilla dans les années qui viennent ;

-   tertio, la montée de la violence lato sensu dans une atmosphère “d’ensauvagement” ;

-   quarto, une reconfiguration territoriale : les classes populaires et moyennes sont chassées des centres-villes gentrifiés du fait du prix et des banlieues péri-urbaines du fait de l’insécurité, cet éloignement et marginalisation socio-culturelle est un facteur de la crise des Gilets Jaunes.

Ensuite, Thibault de Montbrial s’est entretenu avec nous au fil de questions-réponses :

-   Quels sont les méthodes de l’islamisme? Selon Abou M. Al-Souri, théoricien djihadiste de la guerre civile dans l’Occident, si les deux premières tentatives de djihad en Occident ont échoué (la première, suite aux troubles en Afghanistan post-soviétique, s’est borné aux rives méridionales de la Méditerranée - décennie noire en Algérie ; la seconde, suite aux attentats de 1998-2001), la troisième va marcher grâce à la désintégration des populations musulmanes du pays d’accueil grâce à un cycle provocation - victimisation et la formation militaire de ces musulmans pour qu’ils attaquent l’Europe (estimation de 15 000 djihadistes francophones).

-   Quel bilan du quinquennat Macron sur la sécurité ? Si le président a été bon sur le terrorisme, ce n’est pas le cas quant à la lutte contre l’islamisme. Thibault de Montbrial avance ainsi qu’on ne peut faire de “en même temps” face aux islamistes.

-   Quels sont nos problèmes sociaux dans ce contexte ? Le “wokisme”, le relativisme au sein de la jeunesse pose problème pour la diffusion de l’islam rigoriste et radical, alors que les premiers incidents religieux se produisent désormais dès 8-9 ans.

-   Les services de renseignement ont-ils suffisamment de moyens ? Aujourd’hui, notamment du fait des réductions d’effectifs sous le quinquennat Sarkozy, on surveille en permanence quelques dizaines de personnes, alors que ce sont plusieurs centaines qui le devraient.

- Quels sont les risques de sécurité géopolitique prochains ? Conformément aux déclarations impérialistes d’Erdogan (qui réclame que certains territoires non turcs doivent le (re)devenir de son vivant), comme l’a analysé le CEMA Thierry Burkhardt, le “conflit de haute intensité” prochain engageant la France aura lieu en Méditerrannée orientale, au niveau de la Grèce et de Chypre (et donc au sein même de l’Alliance atlantique !).

Enfin, Thibault de Montbrial nous a apporté son expertise pour évaluer nos propositions dans le cadre de la publication du rapport Orion 2022 du comité “Identité & Sécurité”. Il a salué le travail fait et la pertinence de nos propositions.

Parmi ses observations et suggestions :

-   la constitutionnalisation de la laïcité, qu’il convient d’appliquer sinon une telle fragilité serait exploitée par les islamistes, pourrait être fait par l’insertion de la phrase suivante, valable en toute circonstance, proposée par le sénateur Philippe Bas : “Nul ne peut se prévaloir ni de ses origines ni de sa religion pour déroger à la règle commune”.

-   la dépense publique doit subir un “régime hyper-protéiné” : plus de muscle (avec la hausse du budget du régalien notamment), moins de graisse

-   les strates de décentralisation doivent être réduites pour se concentrer à l’échelon local sur le couple maire/préfet, qui a fait la preuve de son efficacité quotidienne et en situation de crise

-   il est majeur de renforcer le continuum de sécurité, à l’aide notamment d’un plan de vidéo-protection de grande ampleur, afin que les forces de l’ordre puissent cibler les familles connues les plus dangereuses

-   notre proposition de création de 30 000 places de prison doit prendre en compte des niveaux de sécurité différenciés : dans le cas de certains délits et peines, leur nature font que l’incarcération classique est disproportionnée

-   Thibault de Montbrial propose, de manière claire et systématique, un schéma de peine sur le schéma “20-60-20” : les premiers 20% de la peine sont incompressibles, les derniers 20% sont consacrés à la réinsertion du prisonnier et les 60% centraux sont par principe fait en geôle sauf (contrat vertueux avec le prisonnier) s’ils se forment