L'Edito du Président - Vers un changement de paradigme global

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Le jour d’après ne sera pas comme le jour d’avant. C’est désormais une certitude. Le monde est confronté à l’une des pires crises sanitaires depuis la Seconde Guerre Mondiale avec l’épidémie du Covid-19. Un juste équilibre s’impose pour éviter deux écueils : la surenchère psychotique d’un côté et l’insouciance naïve de l’autre.

Le temps des questionnements sur notre modèle viendra en temps voulu lorsque la pandémie sera derrière nous. Ce qui est certain, c’est que rien ne pourra désormais être appréhendé comme avant tant cette crise bouscule toutes nos certitudes et les bases sur lesquelles reposaient nos sociétés occidentales depuis l’après Guerre.

Au Cercle Orion, avons très vite pris conscience des limites de notre modèle basé sur le productivisme en interrogeant les limites de la mondialisation et du capitalisme. Nous avons toujours défendu une juste régulation de l’ordre international en plaçant le droit au cœur de nos analyses. L’épidémie actuelle nous donne raison et renforce le bienfondé de notre projet.

La crise que nous traversons remet en jeu toutes les vérités de nos sociétés modernes. Plusieurs leçons peuvent en être tirées :

La mondialisation tout d’abord est à reconsidérer de fond en comble. Elle n’est pas une fin mais une résultante d’un système productiviste et capitaliste qui a montré ses limites. Même si elle a permis de sortir des millions d’individus de la pauvreté, les interdépendances sont devenues trop volumineuses et affaiblissent les souverainetés nationales. Nous voyons aujourd’hui à quel point la part de dépendance chinoise en Europe est forte et à quel point cela affaiblit notre capacité à l’autonomie stratégique et géopolitique.

Cette crise révèle ensuite que le marché et la main invisible, tel qu’il est conçu par les tenants du libéralisme économique, ne peuvent demeurer la norme pour tous les biens et services. Au contraire, certains biens et services doivent demeurer hors marché et doivent être pris en compte par la puissance publique qui voit elle aussi dans cette crise, son rôle redéfini.

Deux visions nous font face :

La plus libérale d’entre elle consiste à défendre le pragmatisme utilitariste en affirmant qu’il revient à l’individu de prendre ses responsabilités car l’Etat ne peut pas tout. Cette vision accepte in fine les dommages collatéraux d’un choix d’une immunité collective défendu outre-Manche. Cette vision est dangereuse et réductrice sur le plan économique car beaucoup d’externalités négatives ne sont pas prises en considération et que l’efficience du marché n’est jamais parfaite.

La deuxième vision consiste à considérer que l’Etat Providence a un rôle à jouer en maintenant hors du marché les éléments relatifs au bien commun, à la santé et à la correction des inégalités de naissance. Cette crise renforce le bienfondé de cette vision mais interroge aussi sa pérennité et ses failles. La situation de crise du système de santé à laquelle sont confrontés la France et un bon nombre de pays occidentaux est un constat d’un demi-échec. Nous avons collectivement failli à préserver notre modèle efficient. C’est une réforme en profondeur de l’Etat Providence qui devra être à l’étude lorsque la crise sera derrière nous.

Enfin, et plus profondément, la situation à laquelle nous faisons face rabat les cartes de notre modèle qui s’est trop éloigné de l’essentiel depuis tant d’années. Si la rentabilité financière est nécessaire, elle ne saurait être suffisante pour l’avenir. D’autres considérations liées à la justice sociale, à l’équité, à la protection de nos biens communs comme l’environnement et la lutte sous-jacente contre le réchauffement climatique se doivent désormais d’être entendues. Parce que l’urgence est là et que cette crise n’en est qu’un symptôme.

Au Cercle Orion, nous avons vite pris conscience de l’importance de la thématique environnementale et en avons fait l’un de nos sujets thématiques majeurs. Nous vivons un changement structurel profond qui nécessitera beaucoup d’introspection afin de changer en profondeur nos logiciels collectifs. A chaque crise ses opportunités. Si cette crise était l’élément déclencheur de ce changement de paradigme global, alors nous osons penser qu’elle sera perçue à l’avenir comme ayant été un mal nécessaire pour le bien commun et pour un monde meilleur. Le monde va être transformé par cette pandémie. Le Cercle Orion répondra à l’appel pour prendre part à ses nouveaux défis et à le réinventer.