Éditorial - Non à la dictature de la pensée unique

 

A la crise sanitaire du Covid-19 à laquelle la France et le monde font face, s’est de nouveau ajoutée la menace terroriste qui met à l’épreuve notre cohésion nationale et éprouve notre résilience collective.

 
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Nommer les choses pour « ne pas ajouter au malheur du monde »

Il ne s’agit pas de répondre à des problématiques complexes par des réponses simplistes. Les questions sécuritaires et identitaires doivent néanmoins partir d’un bon diagnostic sans angélisme. Il s’agit de nommer les problèmes et de savoir faire fi des critiques d’une bien-pensance qui met sans cesse en garde contre les « amalgames ». L’islamisme radical est une idéologie qui fait passer les lois religieuses au dessus des lois de la République. L’islam politique souhaite se substituer aux lois républicaines et laïques qui font partie de l’identité nationale. Cet islam est incompatible avec les lois françaises.

Il ne s’agit toutefois pas de généraliser cette tendance traditionaliste à tous les Musulmans de France qui sont aussi nombreux à espérer et à pratiquer un islam moderne, ouvert sur la société et déconnecté de la pure coutume des textes. Seul cet islam des Lumières est possible dans la République.

Il s’agit seulement de reconnaître que cette religion, dans son histoire et son fonctionnement, ne fait pas toujours siennes les valeurs républicaines au regard de la charia, ces valeurs religieuses qui codifient les aspects publics et privés de la vie des Musulmans. En d’autres termes, à la démocratie - le pouvoir appartient au peuple - , une certaine frange de l’islam défend une théocratie - dans laquelle le pouvoir appartient à Dieu. Cette théocratie s’oppose dans son essence à la laïcité et à la loi de 1905 qui sépare strictement l’Eglise et l’Etat tout en permettant la liberté pour chacun de croire ou de ne pas croire. C’est dans cette perspective que le séparatisme islamiste, prenant l’islam comme référence, est un enjeu majeur de notre société auquel il faut lutter.

La loi contre le séparatisme islamiste devenue « Loi confortant les principes républicains » va éminemment dans le bon sens en rappelant urgemment avec force et conviction que la France reste fidèle à ses valeurs et que l’obscurantisme ne triomphera pas. Il était plus que temps de réaffirmer ces principes, en assumant de déplaire à certains pays qui ne les partagent pas et en assumant pleinement et entièrement le refus du « politiquement correct » en traitant de ces questions. La liberté d’expression et la défense des Droits de l’Homme sont supérieures à toutes autres valeurs théocratiques et doivent être défendues avec courage intellectuel.

Celles et ceux, personnalités politiques de gauche ou journalistes, qui sous prétexte de défendre les plus nobles causes progressistes, ne nomment pas les vrais problèmes en les prenant par la racine, sont dans le déni et dans l’irresponsabilité.

Contre la bien-pensance totalitaire

Nous sommes confrontés depuis des années à un manque de courage intellectuel majeur de la part de ceux qui nous gouvernent. A la fin des idéologies que l’on croyait advenue suite à la chute du Mur de Berlin s’est ajoutée une autre forme d’idéologie, plus insidieuse : celle de la dictature de la pensée unique, du consensualisme qui ne veut pas faire de « vagues » et donc qui ne solutionne rien aux problèmes de nos concitoyens. Cette tyrannie de la pensée juste a été alimentée par les évènements de Mai 68 : ce formidable élan d’émancipation a peu à peu amené certains intellectuels ou personnalités politiques à refuser de nommer les vrais problèmes. Sous prétexte de ne pas choquer les minorités de toutes sortes, ces tendances se sont muées en d’autres formes d’idéologies attaquant par la même, au nom de certains dogmatismes bien-pensants, celles et ceux qui ne partageaient pas les opinions universellement considérées comme « justes ».

Alors même que Mai 68 a souhaité libérer les individus des carcans traditionnels pour penser par eux-mêmes, la « tyrannie de la pensée juste » a aujourd’hui pris le dessus en contraignant de rester « politiquement correct » et de ne pas aller à contre-courant. Cette complaisance et cette faiblesse intellectuelle doivent cesser. Il est aujourd’hui urgent de réaffirmer la priorité donnée à la lutte contre toute censure de la pensée, de lutter contre les idéologies de toutes sortes et de s’opposer à la bien-pensance totalitaire.

Une réaffirmation de la liberté et des valeurs républicaines

L’identité française est unique. Elle prend ses sources dans les Lumières et dans les combats de nos ainés pour la liberté et pour l’égalité. Seule une réaffirmation forte des principes qui ont fait la France et un courage politique et intellectuel capable de lutter contre la « tyrannie de la pensée juste » pourra redorer notre cohésion nationale et permettre à chacune et chacun de vivre selon ses croyances dans le strict respect des valeurs républicaines. Il en va de notre capacité à faire front commun pour la liberté et à faire barrage aux idéologies.