CR Visioconférence - Nicolas Baverez
Le 17 décembre 2020, le Cercle Orion a eu le plaisir de recevoir Nicolas Baverez, essayiste et avocat français, spécialisé sur les thématiques des sciences sociales et plus particulièrement de Raymond Aron et Alexis de Tocqueville.
Nicolas Baverez nous a fait le plaisir de nous présenter Alexis de Tocqueville, son combat pour la liberté, ses engagements, et convictions qui sont d’actualités.
Né en 1805 et décédé en 1859 par la tuberculose, Alexis de Tocqueville était un magistrat, avocat, écrivain, académicien, journaliste, député, ministre. Tocqueville a marqué les esprits par son analyse politique et sa puissance intellectuel. Il a toujours milité pour la défense de la République, et s’est opposé aux utopies socialistes et au bonapartiste. Ce défenseur des libertés a, au cours de ses recherches, essayé de trouver la balance entre liberté et institutions politiques. Tocqueville est un cosmopolite, un « voyageur du monde ». Ses nombreux voyages, et dont ceux aux États-Unis, l’ont aidé à forger son idéologie de liberté. Il y est allé pour chercher le principe de la démocratie et l’avenir de l’Europe, Certains sociologues le comparable à Montesquieu, Condorcet ou encore Raymond Aron. Tocqueville a modernisé notre pays, et ses idées sont toujours d’actualités.
Cependant, il existe un paradoxe autour de Tocqueville.
Tocqueville est un inconnu et un mystère pour la France, tandis que c’est un des auteurs les plus enseignés et lus aux écoliers. Tout d’abord, cela s’explique par la trajectoire qu’il a adoptée tout au long de sa vie. Comment cet aristocrate a-t-il pu être un des meilleurs analystes de la démocratie ? Tocqueville a toujours été un électron libre, n’appartenant à aucun camp, ni à aucun parti.
Au cours de sa vie, Tocqueville a été oublié par la IIIe République, et comme Victor Hugo, il était considéré comme un « ennemi de la République ». Les convictions de Tocqueville ressurgissent lors de mouvements sociaux ou encore l’affaire Dreyfus. Ces évènements ont fait ressurgir la fragilité de la démocratie.
Selon Tocqueville, la manière dont est utilisée l’égalité de condition forme l’état de la démocratie, plutôt libertaire (dépendant des libertés individuelles) ou despotique ?
Tocqueville est notre contemporain, et ses idées sont d’actualités, en 2020. Selon Nicolas Baverez, la démocratie peut se corrompre. Contrairement à Karl Marx, Tocqueville érige les classes moyennes comme le socle de la démocratie. Si cette classe sociale éclate, alors la démocratie sera mise en danger. La stabilité de la démocratie réside entre autres dans le respect de l’état de droit et le courage des dirigeants politiques. Une seconde menace est la tyrannie de la majorité / minorité (avec les réseaux sociaux). Tocqueville avait mis en lumière sa passion pour la France et les religions, qui, à la dérive, peuvent mettre notre démocratie en détresse. D’un côté la France, qui peut tourner à l’hyper nationalisme et de l’autre les religions, dont certaines implosent et prennent leur ancrage dans l’islamisme et le terrorisme.
La pensée de Tocqueville se résume à travers l’importance de l’éducation, la nécessité que les citoyens s’engagent, décentraliser les décisions et surtout, que les citoyens soient les garants de la démocratie.
Gardons espoir. Nicolas Baverez nous montre que la démocratie sait faire face aux crises actuelles. La démocratie à des ressources, comme à travers les risques pris pour la liberté (Taïwan, Hong Kong) et le courage civique (lors de la dernière élection américaine). Les pays asiatiques et la Nouvelle Zélande sont les vainqueurs de la crise de la Covid-19. Ils ont su être agiles et plus performants (meilleure prévention des risques), une industrie forte, des finances publiques solides et une cohésion sociale, si nécessaire en période de crise.
L’Europe, quant à elle, a eu un sursaut en faisant face à la crise de la Covid-19 par le plan de relance de la BCE et aux sanctions prises contre Recep Tayyip Erdoğan,