CR Dîner avec Alain BENSOUSSAN

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“Ce sont les entrepreneurs qui changent le monde” dixit Alain BENSOUSSAN. C’est par ces propos liminaires que le très célèbre Avocat spécialiste en intelligence artificielle a commencé son propos lors du dîner-débat du Cercle Orion le samedi 19 octobre 2019.

Volontairement en comité réduit, ce dîner a permis aux participants des échanges directs avec l’invité qui a eu un discours riche, profond et authentique sur sa vision de la société et la manière dont l’intelligence artificielle la révolutionne dans tous ses aspects. Les ruptures stratégiques actuelles (intelligence artificielle, robotisation de l’économie, blockchain, crypto-monnaies) précèdent leur régulation par le politique et la norme juridique. Depuis la phase d’initiation à leur maturité, c’est l’entrepreneur qui tient le fil de l’histoire et qui dispose de tous les leviers pour changer le monde. Le politique n’intervient qu’a posteriori et tend à réguler leurs applications, limiter les externalités négatives et à trouver l’équilibre entre l’innovation et la régulation. Parce que l’on n’arrête pas le progrès technique qui fait partie d’un “sens de l’histoire” mais on peut faire en sorte de le réguler par le droit afin d’en limiter les effets négatifs.

Alain BENSOUSSAN est un visionnaire dont le parcours parle de lui-même. Nous sommes selon lui passés dans un monde où la technologie révolutionne toutes les pratiques à travers des ruptures stratégiques qui nécessitent de s’y adapter rapidement. Le cadre juridique et politique est indispensable pour accompagner ces mutations mais l’Union européenne semble avoir perdu le cap par rapport à la Chine ou aux entreprises-nations américaines que sont les GAFAs. D’où la nécessité de relancer une initiative européenne autour de cette question du numérique et de l’intelligence artificielle qui pourrait être un pilier politique consensuel autour duquel les Etats membres doivent se rassembler.

Les algorithmes rythment désormais nos vies quotidiennes, notamment à travers les réseaux sociaux. L’un des enjeux réside en la régulation juridique et éthique de ces derniers.

Les signaux faibles consistant en la sélection d’un contenu selon une hypothèse basée sur une expérience passée et analysée par un algorithme pose des questions sur l’évaluation de ce contenu et son objectivité.

Ceci pose aussi une question sur le rapport à l’information et à l’esprit critique des citoyens à l’heure des fake new. Car si la société doit s’adapter à l’intelligence artificielle et que la technologie doit devenir le meilleur ami de l’homme, elle ne saurait se laisser dépasser. La complémentarité entre la machine et l’homme est souhaitable jusqu'à atteindre des limites raisonnables qui sont fonction du choix de société souhaitée.

Ces risques ne doivent pas décourager l’innovation : le numérique a incontestablement permis une meilleure coexistence des peuples, des échanges entre communautés et des facilitations sociales de premier plan. Mais là encore, un équilibre s’impose car en agissant ainsi, le lien social entre les individus s'est fortement distendu et les rapports sociaux virtuels cachent une baisse qualitative des interactions sociales. C’est à l’Ecole, en tant qu’institution de socialisation majeure, qu’il revient d’encadrer les dérives du digital en tournant les esprits vers toujours plus de critique et en apprenant aux plus jeunes à penser par eux-mêmes.

L’Avocat, en tant que défenseur des droits, aura un rôle de premier plan dans les prochaines années. Il lui reviendra, en sus de son rôle de vigie de l’état social et politique de nos sociétés, d’accompagner ces mutations technologiques et d’alerter sur les dérives juridiques et éthiques qu’elles impliquent.

Cette soirée a donné l’occasion d’interroger la place des décideurs dans la régulation de l’intelligence artificielle, d’encourager le rôle des entrepreneurs qui sont instigateurs des grandes ruptures technologiques et de mettre l’accent sur les opportunités qui sont devant nous.

Des propos vivifiants et très inspirants, tournés vers l’optimisme et vers la reflexion du “meilleur des mondes” pour l’avenir.