[Compte-rendu] - Dîner-débat avec François SUREAU

 
 

Le Cercle Orion a eu l’honneur de recevoir jeudi 18 avril François SUREAU de l’Académie française, avocat aux conseils, pour échanger sur les thèmes développés dans son dernier livre S’en aller et sur son engagement pour la cause de la liberté.

Après une présentation du Cercle Orion et notamment des « combats signatures » qui incluent la liberté et l’efficience de l’Etat, particulièrement importants pour le présent dîner-débat, la discussion a permis d’analyser des questions de société avec lucidité. Observateur aiguisé de la société en tant que haut fonctionnaire, avocat aux conseils et engagé dans la vie de la Cité, François SUREAU considère que le grand défi actuel pour la société française est le désenchantement civique.

Le désenchantement civique se manifeste sur le plan démocratique, avec la montée des populismes, abstentionnisme compris, qui est un symptôme et non une cause de la déliaison de la société. La perte de tout référentiel commun en matière de morale provoque un éloignement croissant entre les gouvernants et les gouvernés. Tandis qu’auparavant, les modèles de réussite sociale se situaient à l’échelle de la ville, de la vallée, de la région, les élites se sont détachées de leurs racines et ont créé cette distance.

L’action publique s’est ainsi trouvée entachée d’illisibilité et la simplification du droit et la simplification administrative sont des défis à relever. Les compétences des communes, des conseils départementaux, des services déconcentrés de l’Etat en préfecture, des régions ne sont pas clairement identifiées et distinguées par le citoyen qui vit cette complexité comme une mise à distance supplémentaire. Il pourrait être envisagé de décider que tout organisme public, du fait de l’unicité de l’Etat, soit obligé de transmettre toute demande d’un particulier à l’instance compétence.

Cette solution apparaît néanmoins difficile à mettre en œuvre du fait de la complexité même des relations entre les collectivités et les administrations. Simplifier le droit n’implique pas de réduire les libertés, partant du principe que plus une procédure est complexe et moins elle est importante. La recodification concise à droit constant d’un certain nombre de codes est possible à condition d’être radicale.

Le désenchantement civique a aussi pour cause une pratique des institutions qui interroge. Il est nécessaire que les gouvernants investissent davantage les mécanismes de contrôle et d’évaluation des politiques publiques permis par la Constitution. Légiférer tout le temps et sur tous les sujets n’est pas souhaitable car cela contribue, là encore, à complexifier le droit et l’action de l’administration, mais cela montre aussi une instabilité des pouvoirs publics.

Au-delà d’un engagement professionnel au service du droit et de la liberté, François SUREAU a livré son expérience du devenir écrivain. Si l’activité professionnelle et la réussite sociale rendent difficile l’écriture d’ouvrages, écrire est aussi un projet qui permet d’agir en société. Le temps de l’écriture nécessite de se libérer des contraintes extérieures, d’où la nécessité de S’en aller. Cet ouvrage, voyage philosophique et littéraire dans des scènes historiques diverses, est à ce titre une invitation à la liberté.

Le prochain dîner-débat aura lieu le 16 mai avec, pour invité, M. François MOLINS, magistrat, procureur près le Tribunal de grande instance de Paris de 2011 à 2018 et procureur général près la Cour de cassation de 2018 à 2023. Ce dîner-débat permettra d’évoquer les questions de justice et de droit, notamment à l’égard de la menace terroriste.