[Compte-rendu] - Dîner-débat avec Bertrand BESANCENOT

 
 

Le 21 novembre s’est tenu le dîner-débat du Cercle Orion en compagnie de M. Bertrand BESANCENOT, diplomate, ambassadeur de France au Qatar de 1998 à 2002 et en Arabie saoudite de 2008 à 2016. Cette discussion privilégiée a permis d’aborder les défis qui se posent au Moyen-Orient, à l’Europe et à l’Occident dans le contexte actuel.

Les Etats du Moyen-Orient ont tendance à s’affranchir de plus en plus des Occidentaux, notamment des Etats-Unis grâce à leur pouvoir permis par la production d’hydrocarbures. Les accords d’Abraham ont permis une pacification durable mais le retour des tensions depuis le 7 octobre 2023 empêche l’extension de ce processus. L’Arabie saoudite a à cet égard déclaré qu’elle ne normaliserait pas ses relations avec Israël en l’absence d’un Etat palestinien. En plein boom économique grâce à la diversification de son économie, cette région du Golfe tend à devenir le nouveau centre de gravité du monde grâce à son dynamisme et ses perspectives de développement. Cela inclut le secteur culturel et touristique comme l’Arabie saoudite a souhaité développer avec la France le projet d’Al-Ula.

La situation internationale tendue exige des priorités clairement définies. A cet égard, la position de la France peut souffrir d’un manque de lisibilité, à l’égard notamment de la relation avec Israël et des autres pays de la région, ce qui expose les limites du « en même temps » dans le champ de la politique internationale. La suppression du corps diplomatique adossée à la réforme de la haute fonction publique est critiquable dans ce cadre car elle met en doute le parcours des diplomates.

Si l’élection de Donald TRUMP aux Etats-Unis a pu laisser percevoir une incertitude grandissante auprès de certains dirigeants européens, il ne faut pas oublier que celui-ci a permis la remise en cause d’une forme de naïveté européenne à l’égard de la sécurité collective. Sa précédente présidence a été l’occasion de rappeler que la chimère de l’Europe de la défense ne pouvait aboutir dans sa forme préconisée alors. L’architecture de sécurité souveraine pour l’Europe passe donc par un réarmement, ce qui implique d’abord, pour les Etats européens eux-mêmes, de consacrer les 2% de leur PIB à la défense requis par la décision de 2006 du conseil des ministres de la défense de l’OTAN. L’architecture de défense doit donc s’insérer dans le cadre de l’OTAN.

Au-delà des questions de sécurité, cette nouvelle phase internationale doit permettre à l’Europe et au monde de relever les défis économiques et politiques majeurs. Alors que le multilatéralisme est en crise du fait d’actions unilatérales entreprises par des puissances déstabilisatrices, il est nécessaire de s’attaquer à la représentativité des Nations dans la gouvernance globale, notamment dans le domaine climatique.

La démocratie libérale est attaquée par les autoritarismes, ce qui exige pour l’Europe de se penser en puissance et de défendre les acquis démocratiques. A cet égard, la construction européenne dans les domaines de la sécurité et de la diplomatie, n’offre pas de garantie satisfaisante pour contrer les attaques diplomatiques, informationnelles et les autres ingérences insidieuses. Le Service européen d’action extérieure peut être amené à prendre des positions hasardeuses et le Parlement européen comporte en son sein des agents d’influence servant les intérêts de puissances déstabilisatrices. Il est nécessaire de s’atteler au niveau européen à la création d’une infrastructure de défense des principes fondamentaux de la démocratie.

Ce dîner-débat, passionnant, a permis une discussion très riche par une grande clarté dans la compréhension des sujets. Le propos non politiquement correct s’inscrit dans la ligne du Cercle Orion déclinée dans sa Raison d’être. Dans le cadre de l'Initiative Puissance & Sécurité Globale, le prochain dîner-débat se tiendra le 18 décembre en compagnie de Xavier DRIENCOURT, ancien ambassadeur en Algérie, sur le  thème Identité, Immigration & Intégration.