Priorité jeunesse !

La campagne présidentielle qui s’achève (a-t-elle seulement commencé ?) est désolante. Elle marquera je le crains la démocratie française d’une pierre noire. Le manque d’intérêt des Français, qui devrait se traduire malheureusement par un record d’abstention pour l’élection phare de la 5ème République, est porteur de tous les dangers pour la cohésion de notre société. La raison principale me semble être le déclin général de notre pays que nos compatriotes ressentent confusément (avec le sentiment que nos enfants vivront moins bien que nous) et devant lequel ils sentent les élus de tous bords impuissants. Et le président sortant n’est pas exempt de toute responsabilité malgré une stratégie de communication bien huilée.


Le déclin industriel de la France est évident. Dans quel état se trouvent aujourd’hui nos fleurons d’autant ? Les industries dont nous étions fiers : L’automobile tente de résister (Stellantis, ex Peugeot, mieux que Renault), l’agro-alimentaire est devenu déficitaire (on importe plus que l’on n’exporte), la pharmacie est incapable de produire médicaments et vaccins en France, le nucléaire a été délaissé… Il n’y a que le luxe qui s’en sort bien. C’est dire ! En conséquence, notre déficit commercial est le plus élevé d’Europe à près de 100 milliards d’euros.


La politique énergétique de notre pays est une catastrophe dont on voit clairement les conséquences aujourd’hui : dépendance accrue vis à vis de l’étranger, prix élevés, réouverture des centrales à charbon nuisibles à la lutte contre le réchauffement climatique et risque de plus en plus fort de coupures générales à répétition. Fermez le ban ! La (bonne) politique c’est prévoir. En l’occurrence depuis de nombreuses années les gouvernements successifs ont totalement failli. Les investissements dans le nucléaire et les énergies renouvelables devraient être massifs pour produire en abondance de l’électricité décarbonée dont on aura de plus en plus besoin.

Sur le plan international, la France est isolée. L’affaire des sous-marins australiens, contrat dérobé au dernier moment et en catimini par les États Unis avec la complicité du Royaume Uni, en est un triste exemple. Notre pays fait partie du « Club Med », ces pays du Sud de l’Europe à la gestion laxiste qui cherche à vivre aux crochets des pays plus sérieux du Nord du continent. Ça n’aide pas pour impulser une dynamique collective autour de notre pays.

Et enfin que dire du laisser-aller budgétaire traduit récemment par un « quoi qu’il en coûte » derrière lequel on lâche tout et pas seulement pour gérer la crise sanitaire. Devant chaque problème la même ritournelle du « manque de moyens ». Pour toutes et tous, quelle que soit la couleur politique, le même réflexe pavlovien : « Un bon budget est un budget qui augmente ». C’est là une vaste illusion qui nous trompe collectivement, et à travers nous les générations qui nous succéderont. Le rétablissement de l’équilibre nécessite des réformes de fond, une multitude de « petites » mesures mais surtout la promotion puis la propagation d’une culture de rigueur qui fait aujourd’hui largement défaut à toute notre administration comme au monde politique.


Le rétablissement de l’équilibre est une nécessité pour au moins trois bonnes raisons.


Tout d’abord, nous allons dans le mur ! Aujourd’hui, avec des taux très bas, sinon quasi nuls, s’endetter ne coûte pas cher. Mais un jour viendra, peut-être pas si lointain, où les taux d’intérêt remonteront, rendant le poids de notre dette insupportable.


Ensuite, l’équilibre, c’est la santé. Certains exemples étrangers, au premier rang desquels les très sociaux pays scandinaves, forment la preuve que les équilibres budgétaires conditionnent la prospérité économique, donc la générosité sociale, sans porter préjudice aux générations à venir.

 

Enfin, est-il bien moral de laisser des montagnes de déficits et de dettes aux générations futures ? Un élu doit préparer l’avenir. Il doit montrer le chemin, avoir une cohérence et s’y tenir. L’opinion qui évolue tous les jours et les sondages qui l’accompagnent ne peuvent et ne doivent pas servir de boussole. Un élu doit travailler pour les générations futures. Ces générations qui aujourd’hui sont largement mises à contribution sans perspective clairement définie.


Si j’avais été candidat à la Présidence de la République mon slogan aurait été simple : « Tout pour les jeunes ! ».