Compte-rendu du dîner-débat avec David BAVEREZ - Initiative Europe Puissance
Ce jeudi 12 mai, nous avons eu le plaisir de recevoir David BAVEREZ, investisseur depuis plus de dix ans à Hong-Kong et auteur de plusieurs essais dont le dernier, aux éditions des Passeurs, « Chine-Europe : le grand tournant ».
David BAVEREZ nous a avec énergie illustré le point de vue chinois et ses points de contradiction avec notre vision européenne. Un dîner détonnant, bouleversant nos repères. Il a commencé son propos en rappelant que la Chine (comme d’autres autocraties) cherche à nuire, avec succès, aux trois fondements de l’ordre international actuel, marqué par l’hégémonie américaine : la démocratie, l’OTAN, le dollar.
David BAVEREZ a mentionné que l’Europe, impuissante et « yémenisée » selon son terme, a une opportunité à saisir pour limiter la puissance chinoise, confrontée à la conjonction de quatre crises (Covid, immobilier, commerce mondial et tensions internes — avec l’exemple des récentes décisions de l’état-major de Shanghai et certaines élites du PCC).
La force de la Chine tient aussi à la solidarité d’un peuple prêt à sacrifier de son confort et de ses libertés au nom d’un objectif vers lequel le pouvoir central est jugé crédible : en l’espèce, que la Chine soit la première puissance mondiale d’ici 2049 (centenaire de la Chine communiste).
En outre, il a dépeint une politique chinoise qui, au niveau très local (échelle de la rue), s’avère très démocratique mais qui est complètement élitaire au sommet, pour prendre les décisions et les paris d’avenir fondamentaux. Une force du pouvoir chinois est alors le règne au sommet de la compétence, nonobstant le caractère dictatorial du régime actuel. Un tel fonctionnement élitiste/technocrate confère les meilleurs arguments de fondement décisionnel et de discussions bilatérales.
De son expérience hong-kongaise, David BAVEREZ tire la leçon que « la liberté ne s’hérite pas, elle se conquiert », notant par ailleurs, exemple historique à l’appui, que les révoltes procèdent d’une atteinte forte à la liberté économique (inflation alimentaire lors de la Révolution, des printemps arabes ou aujourd’hui au Sri Lanka ; inflation immobilière à Hong-Kong) plutôt qu’à la liberté politique.
Pour conclure, alors que la décennie 2010 fut celle du triomphe des « démocratures », David BAVEREZ nous a enjoint, nous membres du Cercle Orion, à agir continûment et résolument pour que la décennie 2020 soit celle du triomphe de la démocratie. Il convient ainsi de saisir, avec force et lucidité, les opportunités que nous laisse la donne mondiale et l’unique créativité/diversité de notre continent.