Éditorial - Covid-19 et 2021 : comment le politique a repris le pas sur les experts

On pouvait le pressentir, voire déjà l’acter. La machine était en marche : les Professeurs quittaient leurs services hospitaliers pour les plateaux de télévision, les articles de presse se faisaient alarmistes sur le taux d’incidence et une hausse continue des infections au COVID19, et les « experts » (parfois des sachants, parfois des professionnels auto-proclamés de l’épidémiologie) se répandre sur la nécessité d’un énième tour de vis. En d’autres termes, un confinement strict. Et à l’anglaise, le fameux exemple à suivre. Le ballet assez classique, comme nous l’avions vécu lors des deux premiers confinements. 

Qui doutait de la décision présidentielle, guidée depuis quasiment un an par le Conseil scientifique, les médecins et les modélisations alarmistes ? Pas grand monde. Le Président, à qui nous nous sommes liés par notre vote, avait décidé de lier quasi-exclusivement ses choix aux experts. Pourquoi pas.

Mais, 2021 étant peut-être l’année des bonnes résolutions, E. Macron décida enfin de reprendre la main sur le pays et d’assumer une décision, seul et en conscience : celle de faire primer la décision politique complexe sur la décision exclusivement sanitaire. Car oui, le Conseil scientifique avait bien dévoilé des modélisations alarmistes sur le futur nombre d’infections. Mais le Président décida pour autant d’assumer une autre logique : celle de l’équilibre entre un virus qui tue statistiquement très peu mais sature rapidement notre système hospitalier, et la vie d’un pays ainsi que les libertés primaires de ses citoyens. Immédiatement après sa décision du 29 janvier, le débat fut lancé et les grognements des médecins et épidémiologistes se firent plus audibles. 

Puis, plus rien avant de longues semaines et la flambée de cas connue. Là encore, un confinement strict « comme en mars 2020 » fut préconisé, sans quoi une « vague » de morts déferlerait sur la France. Face à cette pression médiatique, E. Macron ne céda pas et acta un confinement des plus légers : limite de 10km (mais des trains qui circulent et peu de contrôles), activités en plein air encouragés, jardins et parcs généralement ouverts, et la fermeture des commerces. Encore trop peu pour certains.

Et que dire enfin du déconfinement du 19 mai et de la réouverture des terrasses et d’un grand nombre de lieux culturels ? « A une semaine de la levée de certaines restrictions pour le 3 mai, le niveau d’incidence des cas confirmés en métropole est deux à trois fois supérieur à celui observé avant le déconfinement du 15 décembre 2020 » indiquait Santé publique France, abondé par J-P Delfraissy, désormais mis à l’écart des décisions présidentielles. Libération, citant le 5 mai un médecin pour appuyer son propos, retranscrit ces mots : « aucun pays ne retient un seuil aussi élevé de déconfinement. On est les mauvais élèves de l’Europe avec la Belgique et les Pays-Bas. Les pays voisins vont finir par nous traiter comme des pestiférés !».

Deux semaines plus tard, les chiffres sont excellents, la décrue spectaculaire, et les experts se mettent à écarter un rebond de l’épidémie cet été. Macron est en passe de gagner son pari : ne pas sacrifier la vie des Français sur l’autel de chiffres de contamination un peu plus positifs.

Intuition, chance, pari, raison, finalement peu importe : nous avons retrouvé un Président de la République. Désormais, la politique sanitaire n’est plus l’alpha et l’oméga de nos vies, et le Président a la tâche de prendre des décisions où l’économie, le sanitaire, le politique, mais aussi la philosophie peuvent entrer en considération dans son choix. Et finalement renouer avec ce qu’est la Vème République : un homme élu directement par son peuple qui fait des choix en conscience et en responsabilité, et qui rendra des comptes à la fin de son mandat. 

Par ces paris gagnants, E. Macron a peut-être assuré sa réélection mais a surtout assumé la fonction présidentielle comme il se doit. Les Français ne souhaitent pas un médecin à la tête de l’Etat et ils peuvent désormais avoir une certitude : l’épidémiologiste Macron est bien redevenu le Président Macron.