« Ensauvagement » de la France : de quoi parle-t-on ?

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Que pourraient avoir en commun les meurtres de Philippe Monguillot, chauffeur de bus tabassé à mort pour avoir demandé à des passagers de valider leurs tickets de transports (juillet 2020), de Mélanie Lemée, gendarme tuée lors d’un simple contrôle routier (juillet 2020), de Stéphanie Monfermé, fonctionnaire de police assassinée dans les locaux du commissariat de Rambouillet (avril 2021) et d’Éric Masson, policier tué lors d’une banale intervention sur un point de trafic de stupéfiants (mai 2021), et les agressions ultraviolentes de Marin, jeune étudiant lyonnais plongé dans le coma après avoir été roué de coups (novembre 2016), de Lorenzo, adolescent resté paraplégique après avoir été tabassé près de Montpellier (août 2020), ou le meurtre de Pierre Sourgen (avril 2021), sexagénaire tabassé à mort par un groupe de jeunes en raison d’un « propos déplacé » ? 

Tous ces actes d’une violence inouïe témoignent de l’ensauvagement de notre pays, un phénomène nouveau qu’il convient de distinguer de la délinquance habituelle, inhérente à toute société moderne, et qu’il faut avoir le courage de nommer, en dépit des fausses querelles de noms et de chiffres. L’ensauvagement d’une société, c’est la multiplication d’actes d’une violence totalement disproportionnée par rapport au motif invoqué par leurs auteurs, c’est-à-dire d’actes à la fois ultraviolents et « gratuits », contrairement au voleur qui bouscule une vieille dame pour lui subtiliser son sac. 

Mais c’est ce second critère qui aujourd’hui interroge : est-ce que ces actes sont vraiment gratuits ? 

Une logique commune 

A y regarder de plus près, les circonstances des meurtres et des agressions que l’on vient d’énumérer semblent présenter un point commun : c’est le statut ou le comportement de la victime qui provoque le passage à l’acte de l’agresseur, ou plutôt son déchaînement de violence. On peut alors distinguer deux cas de figure : 

1.     soit la victime entendait exercer son autorité légitime auprès de l’agresseur, qu’il s’agisse d’un chauffeur de bus, d’un fonctionnaire de police ou d’un gendarme ; 

2.     soit la victime a refusé de se soumettre aux incivilités, intimidations et humiliations de l’agresseur.

Entrent dans cette seconde catégorie le drame du jeune Marin, qui avait osé prendre la défense d’un couple pris à partie pour un simple baiser dans la rue, ou celui de Pierre Sourgen, qui avait demandé à ses futurs assassins de quitter le local technique de sa résidence où ils n’avaient rien à faire. Hélas, les exemples d’agressions hyperviolentes uniquement motivées par un « mauvais regard » ou une simple remarque semblent avoir fortement augmenté au cours de ces dernières années en France. S’il est difficile d’isoler ce type de violences dans une seule statistique, des indicateurs témoignent néanmoins d’une hausse tendancielle des actes les plus violents en France, à l’instar du « taux d'homicidité » élaboré par le criminologue Alain Bauer, qui recense, depuis 1972, les faits les plus graves : homicides, tentatives d'homicides, règlements de comptes entre malfaiteurs, et coups ayant entraîné la mort - qui permet de constater une hausse spectaculaire de ces actes au cours des dernières années : 4.472 actes d’ « homicidités » en 2020 contre 1.867 en 2010[1] ! Une tendance que corroborent partiellement les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur concernant les coups et blessures volontaires des dernières années : +8 % en 2018, +8 % en 2019 et +1 % en 2020[2]. Un exemple parmi tant d’autres : le 20 août dernier, sur une plage du Doubs, un père de famille a été passé à tabac par un groupe de jeunes, dont l’un lui a même assené des coups de marteau sur le crâne. Pourquoi ? La victime avait demandé à un adolescent de faire la queue comme tout le monde devant une attraction… 

En dépit de leur diversité apparente, ces actes obéissent donc à une logique commune : le refus de se soumettre à la Loi et aux règles de vie les plus élémentaires. Mais qu’est-ce qui peut expliquer un tel refus et l’hyperviolence qu’il suscite trop souvent ? 

Profil des auteurs des faits : deux traits caractéristiques

Plusieurs spécialistes, dont le pédopsychiatre et psychanalyste Maurice Berger[3], s’accordent à dire qu’une majorité de ces individus ultraviolents présente deux caractéristiques communes : 

1.     il s’agit de jeunes individus, dont un nombre croissant de mineurs ; 

2.     ces individus sont le plus souvent issus de l’immigration. 

Rappelons ici une évidence, à savoir que la quasi-totalité de nos concitoyens issus de l’immigration ne commettent pas ce genre d’actes, et sont, au contraire, des citoyens exempts de tout reproche. L’idée n’est donc pas ici d’établir un lien de causalité entre origine et comportement, ce lien étant suffisamment défendu par l’extrême droite française et nous n’y adhérons en aucun cas. Ceci étant dit, ces deux caractéristiques en disent long sur l’état de notre société, minée par une profonde crise de l’éducation chez les jeunes générations, que ce soit au sein des familles et à l’école, et par le cuisant échec de notre modèle d’intégration républicain. Or ce second point est crucial : ces individus ne refusent pas n’importe quelle loi, ce sont les lois de la société française qu’ils rejettent avec violence, une société à laquelle ils ne veulent pas appartenir et qu’ils haïssent bien souvent.

Quelques orientations et propositions

Cette situation alarmante nous oblige à mener de front une bataille à la fois judiciaire et culturelle :  

1.     Une réponse pénale intransigeante

La sanction pénale revêt une importance fondamentale pour toute société, car c’est elle qui rappelle de façon très concrète la valeur des règles communes. Mais en France, une série de renoncements l’a peu à peu vidé de sa substance : 

o   une forme de laxisme judiciaire dans la nature et le quantum des peines prononcées, laxisme que constatent de nombreux acteurs de terrain (policiers, avocats, magistrats, etc.) et qu’expliquent certains partis pris idéologiques et le manque de places en prison ;  

o   un assouplissement excessif des possibilités d’aménagement des peines de prison ferme : entre 2013 et 2016, plus de 9 peines de prison ferme prononcées sur 10 étaient aménageables avant toute incarcération[4] ;

o   la non-exécution des peines qui concernait environ 1 condamnation sur 6 en 2013[5] ! 

Face à cette situation indigne, et sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques pistes de mesures envisageables afin de rétablir au plus vite l’autorité de notre Justice : 

o   la construction de plus de 30.000 nouvelles places de prison pour que la surpopulation carcérale ne conditionne plus en partie les décisions des juges ;

o   la spécialisation des établissements pénitentiaires en fonction du profil des détenus : établissements pour primo-délinquants, pour multirécidivistes, pour individus ultra-violents, etc. Outre son pragmatisme évident pour les surveillants de prison, cette mesure permettrait de séparer les primo-délinquants et les voyous plus expérimentés, de sorte que la prison ne soit plus « une école du crime » ;

o   l’exécution stricte et immédiate de toutes les condamnations prononcées par les juridictions pénales, ce qui passera nécessairement par la simplification de notre droit de l’application des peines, ainsi qu’une augmentation significative des moyens matériels et humains alloués à la Justice ;

o   le rétablissement des peines de prison inférieures à 1 mois ; 

o   la suppression du principe de l’aménagement automatique des peines de prison allant de 1 à 6 mois. En effet, l’aménagement de la peine doit rester une possibilité, et non un droit acquis. 

2.     Un modèle d’intégration plus exigeant et une lutte sans merci contre les idéologies anti-républicaines

L’existence même de ces individus, nés en France et y vivant, qui nourrissent un sentiment de haine à l’égard de notre pays, nous oblige à nous remettre en question et à refonder notre modèle d’intégration autour de plusieurs axes : 

o   le durcissement des conditions d’obtention de la nationalité française ;

o   l’exécution effective des obligations de quitter le territoire français - dont seuls 12 % sont effectivement exécutées à ce jour[6] ;

o   le développement du sentiment patriotique chez les plus jeunes grâce au renouvellement de l’enseignement de notre Histoire et de notre littérature ;

o   la mise en œuvre de tous les moyens légaux susceptibles d’affaiblir les idéologies indigénistes et « islamogauchistes », qui visent précisément à diviser notre communauté nationale. 

Au fond, l’ensauvagement de la France ne pourra être endigué, ni encore moins éradiqué, sans une réelle réponse pénale, doublée d’une véritable bataille culturelle et patriotique sur le plus long terme. En effet, au cours de ces dernières années, nos responsables politiques, mais également la société civile prise dans son ensemble, ont trop souvent fermé les yeux et laissé faire ceux qui répètent à l’envie que notre Etat est raciste et que ses lois ne sont que le produit de « l’Homme blanc », du colon, du « facho », et qu’il convient donc de les contester, de les « refuser ». 

Aujourd’hui, c’est à notre tour de refuser ces idéologies sectaires et racialistes qui arment idéologiquement certains individus sans repères, mais prêts au pire. C’est cela qu’il nous faut refuser, au-delà des petits calculs politiques et des coups d’éclats médiatiques[7]. Mais pour la République, et au nom d’un certain idéal français. 

[1] https://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-francais-et-l-insecurite-entre-craintes-et-realites_2150960.html#xtor=CS5-888

[2] A noter que le chiffre de 2020 est vraisemblablement biaisé par le contexte de la crise du Covid-19 : https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/Publications/Interstats-Analyse/Insecurite-et-delinquance-en-2020-une-premiere-photographie-Interstats-Analyse-N-32

[3] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/chauffeur-de-bus-tue-a-bayonne-les-regles-minimums-du-vivre-ensemble-sont-comprises-comme-une-soumission-insupportable-20200712#:~:text=LE%20FIGARO.,l'ensauvagement%20de%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9.

[4] Infostat Justice, ministère de la Justice, n°166, septembre 2018.

[5] Pas d’actualisation des chiffres depuis 2013. Cf. Thibault DE MONTBRIAL, Osons l’autorité, Éditions de l’Observatoire, 2020, p.123

[6] https://www.dalloz-actualite.fr/flash/couteuse-machine-expulser-etrangers#.YK1CsC3pM6g

[7] Ainsi des dissolutions successives et sans lendemain de l’ONG Baraka City le 25 novembre 2020 et de Génération Identitaire le 3 mars 2021. Si elles donnent des gages aux électeurs situés aux deux prismes du spectre politique, elles n’ont débouché sur aucun projet cohérent de lutte contre un certain tissu associatif anti-républicain.