Compte-rendu - Soirée à l'institut de France avec Bernard STIRN

Après une visite passionnante et instructive de l’Institut de France par l’académicien et ancien président de la section du contentieux du Conseil d’État, Bernard Stirn, le Cercle Orion a prolongé ses discussions sur le thème des humanités, de la culture mais également de la géopolitique, à l’occasion d’un dîner informel réunissant Monsieur Stirn et Monsieur Pflieger, Directeur général de la fondation d’art Fiminco.

Au cours de ce dernier, de nombreuses idées ont émergé quant à la place de la culture et des humanités dans la société et leur rôle face à des défis qu’elles doivent affronter. Défis au regard des usages qui changent mais également en termes de l’égal accès à la culture pour tous. Enfin, la question du projet européen et la géopolitique de manière générale a été évoquée. Les discussions ont notamment commencé par un constat lucide sur le rôle de la culture dans notre société : cette dernière ne constitue pas seulement une accumulation de pratiques mais constitue le ciment de notre nation et autour duquel notre société s’unit. Elle constitue dès lors un moyen d’unir la communauté nationale et son accès, tout comme son accessibilité doit être promue. Le rôle de l’enseignement pour remplir cette mission apparut ainsi primordial. Les cours d’ouverture aux arts et cultures actuellement proposés dans les établissements d’enseignement public ne permettent d’offrir à chaque élève une ouverture vers la culture. La politique culturelle doit ainsi être repensée de même que l’action culturelle doit évoluer à la lumière des évolutions de la société et de ses nouvelles pratiques.

L’un des premiers axes d’amélioration discuté concerne la place de l’Europe dans ces dernières. Les deux invités tombent tous deux d’accord sur la place essentielle de cette dernière, la culture unissant les peuples d’Europe nonobstant quelques aspérités juridiques, faisant écho à la volonté du Cercle d’appuyer la défense des valeurs européennes. Parallèlement, si les politiques culturelles européennes doivent être renforcées, les politiques nationales doivent également s’appuyer sur la culture européenne pour développer en outre une forme de citoyenneté européenne. M. Pflieger donne notamment l’exemple de la ville de Saint-Denis, candidate pour l’une des villes européennes de la culture, qui cherche à associer la population aux héritages culturels, et pas seulement nationaux, de la ville. Faciliter la rencontre du public avec les arts, notamment locaux, s’avère être impératif.  

L’accessibilité de la culture doit être renforcée à travers les projets éducatifs culturels qui sont déjà menés dans les écoles mais aussi par les différents ministères mais qui demeurent, pour autant, limités. Joachim Pflieger souligne la trop grande dépendance des projets menés dans les établissements éducatifs (la visite d’institutions culturelles tout particulièrement) à un enseignant chargé d’une initiative en particulier, ou à un chef d’établissement.

Conséquemment, le départ du responsable ne permet pas d’envisager une poursuite à long terme de l’initiative au détriment des élèves. Une systématisation de telles initiatives constitue également la volonté du Cercle dans la perspective de rapprocher la culture du peuple, ce rapprochement pouvant prendre diverses formes, qu’il se fasse en termes de proximité (en créant une culture de proximité) mais également en matière d’inclusion des arts et des cultures contemporaines dans la production artistique afin de mettre en perspective et valeur l’apport de la culture pour la société et chacun. Dans la même optique, une réforme des instituts culturels autour de ces enjeux d’une plus grande proximité de la culture est souhaitable. La culture ne doit pas être réservée à une élite et doit s’ouvrir à tous, une politique d’ouverture et de meilleure accessible qui doit en outre, non seulement être mise en avant grâce aux politiques culturelles, mais également éducatives. Cette volonté d’ouverture s’inscrit dans les ambitions du Cercle au travers de son programme d’action éducation – culture.

L’esprit d’ouverture d’esprit et de liberté qui transcende la culture française doit enfin être préservé en évitant une immixtion trop prégnante des idéologies qui limiterait la transmission des arts et de la culture. La question culturelle ne concerne finalement pas seulement les matières artistiques mais également les matières scientifiques auxquelles l’ensemble des élèves doivent être sensibilisés le plus tôt possible. Il s’agit d’une nécessité qui s’inscrit par ailleurs dans l’ambition du Cercle en faveur d’une égalité des chances effective.

Enfin, sur la question géopolitique, le constat d’une Europe qui doit évoluer pour s’adapter à la société actuelle est partagé. Tout en observant les réussites récentes de l’Union, tout particulièrement concernant le RGPD (même s’il doit être amélioré), l’emprunt commun, on note que les réussites d’hier (les critères économiques de convergence de Maastricht, l’espace Schengen tel que conçu dans les années 1980) ne sont plus adaptés du fait des changements des circonstances dans lesquelles elles ont émergé. Cette évolution doit passer en outre par la résolution des points d’achoppement qui obèrent le développement. Le retour des souverainetés pose ainsi au défi de l’union et requiert une réflexion autour de l’articulation du projet européen à ces souverainetés, recoupant avec le fil conducteur de la politique du Cercle quant au projet européen, la nécessité de renforcer la coopération autour d’objectifs communs et d’adapter les règles aux circonstances actuelles.