N°1 - Lettre de Londres - Une étape de vie structurante

La série « Lettres de Londres » est un ensemble de papiers ayant pour objectifs de donner un point de vue, un sentiment ou de relater

une expérience en rapport avec la vie londonienne. Ils sont rédigés par des membres ou amis du Cercle Orion à Londres.


« L’homme ne peut découvrir de nouveaux océans sans avoir le courage de perdre de vue le rivage. »
— André Gide

Déjà six mois que je suis passé de l’autre côté de la Manche, de Paris à Londres. Le départ n’avait pas été aisé tant mon attachement à la « Ville Lumière » était conséquent. Les premières semaines à Londres, ville-monde vitrine de la mondialisation, ont été laborieuses tant les différences avec Paris étaient prégnantes. Beaucoup de rapports d’étonnement mais sans jugement et sans préjugé.

Très attentif au mode de vie des Anglais, à leur culture, à leur gastronomie, mon premier ressenti était celui d’un vrai sentiment de dilution nationale dans un village global multiculturel, cosmopolite, divers et très libéral, très loin du modèle d’assimilation à la française. Il me manquait cette « âme », cet « esprit » si français et si parisien des cafés de Saint-Germain des Près. Londres était la ville de tous les excès pour le meilleur, mais aussi dans les pires aspects de la mondialisation dérégulée.

Ce sentiment initial n’a duré que deux semaines.

Mettre de côté mes particularismes nationaux pour appréhender Londres avec ouverture, curiosité et souplesse dans mes jugements : c’était mon objectif pour vivre pleinement les six mois qui commençaient.

Très vite j’ai perçu le souffle londonien si particulier et si dynamique qui te transporte.

Très vite, j’ai compris les opportunités hors du commun qu’offraient cette ville et ses paradoxes, le premier étant celui de la dichotomie apparente entre une monarchie, conservatrice et traditionnelle par nature, et le libéralisme londonien sous toutes ses formes.

J’étais confronté à un dilemme : vivre mon expérience à Londres de manière « linéaire », « classique » et sans « piment » considérant qu’il ne s’agissait que d’une courte période de six mois et que rien de palpable ne pouvait être fait hors de ma ville de Paris.

Ou alors, créer, expérimenter de nouvelles choses, s’ouvrir à la différence, poser des jalons solides ancrés sur du roc et semer des graines afin de les voir germer sur du long terme.

C’est définitivement sur le second choix que s’est portée ma volonté en assumant dès lors les excès de mes passions. C’était un choix ambitieux et non commun.

J’assume aujourd’hui cette passion qui m’a amené à vivre une formidable étape dans mon développement personnel et professionnel. J’assume le non conformisme, l’impertinence, l’audace et la rébellion qui ont pu me caractériser. J’assume enfin tous les excès qui ont pu en résulter et qui m’ont permis de vivre hors des sentiers linéaires et « bourgeois » qui m’étaient pourtant proposés.

L’intuition m’a guidé : je savais que rien ne se fait sans courage et sans passion. Je souhaitais vivre une expérience forte et inscrire ma présence à Londres dans le temps long avec des réalisations palpables et concrètes pour en faire plus qu’un simple passage.

C’est aujourd’hui chose faite.

La création du pôle londonien du Cercle Orion que je porte est une de mes grandes réalisations et me permettra de quitter Londres, sans vraiment la quitter puisque j’entends bien y voir germer les fruits dans les prochaines semaines et mois.

L’acceptation d’une opportunité de Vice-Président d’une entreprise et la possibilité de m’enrichir de l’expérience de son dirigeant a aussi été structurante dans mon expérience internationale.

La signature d’un partenariat stratégique de sponsoring pour le Cercle Orion a été une vraie étape dans sa pérennisation londonienne.

Toutes ces expérimentations, ces rencontres, ces amitiés, ces inimitiés, ces introspections sur le sens que j’apporte à la vie, sur la signification profonde des choses et sur ma hiérarchie de valeurs sont autant d’éléments qui ont rendu ce passage à Londres extraordinaire.

« Les passions sobres font les hommes communs. »
— Denis Diderot

Mais ce n’est pas qu’un passage puisque j’y suis maintenant bien implanté et que j’entends bien aujourd’hui développer mes projets entre Paris et Londres.

J’arrive désormais à la fin de ces six mois avec un retour imminent prévu en France.

Jamais je n’aurais pensé ressentir une si profonde nostalgie à l’idée de revenir dans mon pays auquel je suis tellement attaché.

Un sentiment bizarre m’envahit ; celui que cette expérience touche à sa fin et que les impératifs pragmatiques de la vie parisienne vont bientôt reprendre.

Il n’en est rien.

Ce n’est pas une fin. Ce n’est que le commencement d’une nouvelle étape.

Je ne quitte pas Londres, j’y demeurerai à travers mes jalons posés dans la ville et à travers toutes mes réalisations.

Il aurait été facile d’appréhender cette ultime semaine en acceptant le consensus qui se prête pourtant si bien aux fins d’expériences de quelque nature que ce soit. Il aurait été tentant de terminer cette dernière semaine dans de la « demi-mesure » en acceptant le compromis, la linéarité ou la relativité des valeurs.

Que nenni !

Fidèle à moi-même et aux valeurs auxquelles je crois profondément, cette dernière semaine est à l’image de ces six derniers mois : elle est passionnée et passionnelle car je suis convaincu comme Diderot « qu’il n’y a que les passions et les grandes passions qui puissent élever l’âme aux grandes choses ».